mercredi 22 janvier 2014

Comment j'ai grandit, et changé, grâce à des personne inventées.




Hi everyone.

Je ne fais plus de papiers aussi souvent. Et ça m'étonnais parce que j'ai plein de choses à dire.
Mais en fait, non,c'est normal. Je suis out 3 jours par semaine, que je consacre à mon boulot. Trois jours qui me prennent en fait entre trente et trente trois heures de mon temps, grâce au bus et à mon éloignement du bled de Pipou où je bosse.
C'est assez énorme pour ce qui est un vingt heure à la base.
Ce qui me crâme mes mardis, je suis explosée le mercredi (ou alors j'essaie de faire des trucs, mais bon, trop de choses à écrire et à concevoir.)
Le jeudi, de 9h au vendredi 18h je suis entièrement dans le taff, je ne rentre chez moi que pour dormir d'un sommeil de mort.
Et donc, en gros, le week end je fais ce que je peux pour bosser sur mes films et mon bouquin photo.

LA MORT.

Bref.
Gagner sa vie, c'est bien, étoussa.
Hurm.
Mais là pour le coup, j'aimerai vaguement avoir une année pour juste bosser pour moi.
Je fais un peu trop passer, depuis l'école d'art, mon budget avant mon enrichissement personnel, et j'ai la vague impression que ça va finir par me tuer.

Et depuis quelques temps, mon esprit a tiré la sonnette d'alarme.
Cette vie, malgré son confort, n'est pas une vie pour moi. Mon esprit s'y encroûte  s'attache à des choses sans importance, à des querelles de boulot débiles, à des histoires domestiques ridicules.
Et ce n'est ni pour ça que j'ai grandit, ni pour ça, j'en suis intimement convaincue, que l'homme est fait.

Je voulais parler des histoires.
Des vraies histoires avec une âme.
De la manière dont elles m'ont façonnées, sauvées, et fait prendre conscience de la réalité de la vie.
De la vraie vie.
Pas celle enfermée dans un bocal de béton en forme de quatre murs.

La vie au fond des poitrines et des ventres.
Ce qui nous rends nous, qui nous rends humains, beaux et horribles.

 

Je n'ai pas vraiment eu de père, petite, je l'ai déjà dit.
Et j'avais très peu d’interactions sociales avec les gens de mon âge en dehors de l'école.
Je vivais parmi les adultes. Dans la maison de mes grands parents qui était en réalité une vaste bibliothèque,  doublée d'une grande collection de K7 vidéos.

Ma grand mère, mon grand père, et ma mère, la noble Queen Mom, m'ont très tôt appris que la sagesse des hommes, et leurs folies étaient présentes dans leurs histoires.
Qu'on pouvait tout y apprendre, et que la vérité était le plus souvent dans les contes que dans la vie.

Les livres et les films ont été donc mes compagnons, plus que les gens de mon âge.
C'était très bien.
Je ne me souviens pas avoir jamais réellement aimé avoir trop de gens présents autours de moi.
Et je me sentais mieux seule à puiser la vie dans les histoires que je lisais et regardait.

Un de mes premiers contacts avec l'imaginaire n'a pas été des moindres.
Quand j'avais quatre ans, ma grand mère m'a enregistré des cassettes audio où elle me lisait des contes et des histoires.
Prévert, des contes chinois, et notamment Le petite Prince.

J'ai eu mes premières émotions, et mes premières grandes révélations en écoutant ma grand mère me raconter le Petit Prince.
Et, encore depuis, je chéris énormément mon exemplaire du livre de St Exupéry. J'ai l'intime conviction que, face à une crise existentielle, il me suffit de lire le Petit Prince, pour trouver une réponse.

J'ai appris comment on s'attache à un personnage fait de papier comme à un frère, comment trembler et aimer avec lui.
J'ai appris la sagesse de l'enfance calme, l'amour, et le deuil.
J'ai aussi apprit que l'attachement pouvait dépasser les conventions, les espèces, les planètes.



D'une manière générale, la vie imaginaire que je menais auprès de mes amis de papier et d'images animées était souvent plus intense, réelle, et plus belle que la vie auprès des hommes.
En tout cas, plus riche d'enseignement.

Dans la vie très brutale émotionellement parlant, que je vivais avec le furoncle purulent qui me servait de beau père, je me suis très vite blindée, d'autant plus qu'à l'école, puis au collège, c'était complètement la merde. Je me suis enfermée dans l'imaginaire, où je pouvais vivre et apprendre, comprendre l'humain, me trouver, et ressentir autre chose que de la colère et de la peine.

J'ai énormément appris.
On peut réellement dire qu'à cette époque, je me suis élevée toute seule, au milieu des livres et des films.
Qui m'ont gardé humaine.

Je pense honnêtement avoir en échange laissé un peu de moi-même dans l'Imaginaire. Car j'ai gardé une grande empathie avec les personnages qui n'existent pas.
Me créant une grande famille de frères et de soeurs, d'oncles et de tantes, de parents fait d'encre et de pensées. Chacun dispensant ses conseils et sa sagesse au fil des récits qui les animent, sans jamais se lasser.

A peu près à la même époque que le Petit Prince, j'ai aussi découvert le Roi lion.



Je voulais très fort être comme Simba.
Qui m'a un peu réconcilié avec la paternité.
Le Roi Lion m'a apprit à ne pas tout à fait haïr les pères.
Et il m'a apprit aussi qu'il n'est jamais trop tard. Qu'on peut toujours regarder derrière son épaule.

Il m'a aussi donné TRES envie d'être un lion.
Mais là, j'avoue m'être un poil résignée.
(quoique, les progrès de la science.)
(peut-être.)


Au pire, je pourrais être un lama.
qui parle.
L'amour, aussi, je l'ai surtout appréhendé dans les histoires.
Ce qui aurait pu être décevant, et qui l'a été au début. Mais que j'ai comprit en recoupant beaucoup mes propres expériences et les conseils de mes personnages favoris.
(Honnêtement, ça occupe plus que Cosmo, et c'est moins nul.)
(Puis vaut mieux apprendre le désir en bavant des litres devant les yeux de Edward Scissorhand qu'en lisant les "10 conseils pour vibrer cet été" ou les "7 frissons interdits (ou presque, hihihi)" de votre magasine décérébré préféré.)
(Mon cul en tranches fines, ouaih.)

Donc, oui, encore et toujours Edward, fondateur en mon âme de l'Amour Parfait.
Celui qui ne juge jamais, qui existe simplement, qui respire, et qui est.
*petit soupir de pâmoison*
(on ne se refait pas.)

Mais j'avoue que quand on a ce genre d'ambitions amoureuse, on peut toujours creuser toute une vie, bon courage.
Surtout quand à côté, on est une enfant puis une adolescente pleine de colère.
Autant rêver de la lune quand on est un caillou boueux, en quelque sorte.


L'idéal indiscutable.
Et pointu.
ahah.
J'en ai gardé, et garderai toute ma vie, un penchant quasi malsain pour les grands pâles décharnés et maquillés.

Mais le second déclic est venu lors de la découverte de "A la Croisée des Mondes" de Pullman.
C'est l'histoire d'amour absolue.
Entre deux êtres absolument pas parfaits mais qui sont tout deux complémentaires.
J'ai apprit aussi avec un certain désespoir que l'amour ne devient légende que dans deux cas.
Quand on se quitte et qu'on regrette toujours l'autre, qui devient fantasme.
Ou quand on est capable de s'aimer assez pour s'aimer toujours. Et que pour ça il faut de l'acceptation et de la dévotion des deux côtés.

...
Je dois avouer qu'à mon adolescence, les romantiques étaient des connards déguisés, et les autres des...
Garçons de 17 ans.
(rien n'est pire pour te faire fantasmer et éclater tes fantasmes qu'un garçon de 17 ans quand tu as toi même 17 ans.)
Donc je me suis jetée dans les bras d'un mec de 30 ans.
Et ça a été encore pire.

La dépression.
(mais j'avais même pas de doritos, parce que mon mec
était pauvre.)
Néanmoins, Lyra dans La Croisée des Mondes avait beau avoir légèrement compliqué ma notion de l'amour, et brouillé les frontières dans mon esprit, elle m'avait aussi posé les frontières de la meuf hypra badass.
Lyra, c'est mon féminisme à moi.
Je t'aime, Lyra. T'es une fille cool.
Qui m'a conforté dans l'idée que l'éloquence était essentielle à ma survie dans ce monde de brutes.


Lyra, elle m'a aussi apprit qu'on pouvait changer d'avis, même sur soi-même, et elle m'a toujours décomplexé dans mon orgueil démesuré de l'époque.
Elle m'a aussi montré la voie du courage. Et à me méfier des cultes dispensés sans sagesse et des idées préconçues.
Elle m'a aussi donné une certaine idée du mal. Le fait que le bien comme le mal peuvent surgir de nulle part, et prendre plusieurs visages.

Bref, Lyra, je t'aime.
Will, aussi, mais tu n'es pas l'homme idée, tu es trop jeune, trop psychorigide,rien n'est possible entre nous, trésor, même pas dans mes pires fantasmes.

En parlant de nana badass, le livre qui m'en a le plus apprit sur moi-même en terme de fierté, à l'époque où j'étais vraiment une connasse torturée, en colère, et tout le toutim, ascendant gothique dépressif, c'est Les Mondes d'Ewilan.
Un bouquin fantastique, écrit par l'homme qui est comme mon papa de littérature, que j'ai toujours aimé, et qui est mort il y a peu de temps. Je l'ai beaucoup pleuré.
Dans ce livre, il y a une héroïne, fort cool, mais que j'ai toujours trouvé très collé monté.
Mon modèle féminin c'est Ellana.
Une guerrière, libre, qui parle avec des mots justes, et qui vit pour elle.

Ce personnage m'a depuis toujours sussuré des mots de liberté.
S'accrocher à ses rêves, vivre par et pour soi-même, aimer sans barrières, se battre pour ce qu'on considère juste.
Moralité, et courage. Humour et convictions.
La femme parfaite.

Je crois que ce genre de personnage a contribué à me rendre bien meilleure. Et a plus fait pour mon éducation morale que les cours d'éducation civique à l'école.
Lulz.


Toupareil.

En étudiant auprès d'étudiants dèjà désenchantés et plus intéressés par la frime que par leurs passions, et en travaillant dans des milieux déshumanisés comme les fast foods, j'ai vraiment failli me perdre devant ce qui me semble vain.
C'est ça.
On se perd dans un quotidien sans raison ni substance, tout ça pour vaguement profiter d'instants misérables.
On s'oublie, on oublie qui on est, ce qui est important.

Ce genre de personnage m'a apprit que ce qui est important c'est avant tout d'être heureux.
Quand on ne l'est pas, vivre ne sert à rien.
Une demie vie ne vaut pas la peine d'être vécue, il y a trop de beau tout proche pour se noyer dans un magma de pressions sans importance.

Yay.
Flowers.
J'ai eu connement cette révélation en regardant la Maison sur l'Océan.
C'est un film qui peut sembler très banal mais qui est arrivé au bon moment dans ma vie.
C'est l'histoire d'un homme divorcé, seul, dont la vie part à la dérive, son fils de 17 ans se drogue, il habite dans un taudis... Un jour, il apprends qu'il lui reste quatre mois à vivre. Cancer, toussa, tristitude.
Il plaque son boulot, va chercher son fils junkie par la peau du cul, et il se met à construire une maison pour lui, avant sa mort.
Finalement, (et sans spoiler) au fur et à mesure, il se rends compte à quel point il a été égoïste, orgueilleux et con. Et que là, à construire sa maison, il est bien, et heureux.
Que la vie se suffit à elle même.
Et il veut transmettre ça à son drogué de gamin avant qu'il ne soit trop tard, pour sauver sa vie avant qu'elle ne devienne comme celle de l'homme malheureux qu'il était.

Je me suis juré de profiter, en voyant ce film.
D'en tirer des vraies leçons.
Essayer de vivre. De se sentir heureux.



C'est devant Eternal Sunshine of the Spotless Mind que j'ai eu la révélation de ce qu'un coin de mon esprit commençait à doucement comprendre.

Un être humain est une somme de vécu, d'expériences, de complexité.
Il est difficile de vivre avec sois-même. Il est difficile de se supporter et de trouver un équilibre pour sois-même, un vrai bonheur intérieur.
Pour aimer, il faut être un être complet, se suffire. Et trouver quelqu'un qui se suffit également.
Mais cela ne suffit pas.
Il faut trouver quelqu'un qui vous supporte. Qui peut à la fois vous aimer, d'une manière absolue, et qui vous accepte. Dans tout ce que vous êtes. Qui a comprit que l'infinie complexité de l'âme ne peut se plier aux désirs extérieurs, fut-ce ceux de l'être aimé.
Que quand on aime, il faut être assez intelligent pour tolérer, et pas assez con pour penser que quelqu’un peut changer pour vous. Parce qu'on est pas parfait soit même.
Ca il faut aussi le comprendre. L'intégrer profondément.
Parce qu'un amour de sacrifice n'en vaut pas la peine.
Mais qu'un simulacre d'amour ne vaut pas plus.

... bref, grosse révélation.
Enorme déprime.
J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, devant cette masse d'informations.

Mais j'étais devenue trop obstinée pour me décourager.


Et allez, en cadence, je met le doigt devant, et je garde courage!!


J'ai retrouvé courage dans les contes de mes ancêtres, j'ai trouvé une force qui me faisait défaut dans les histoires de noblesse et de héros.
Je me suis questionnée, et j'ai grandit.

Dernièrement, avec mon travail, la perte de mon rythme de création, je me sentais comme écartée de moi-même.

C'est un livre et le Docteur qui m'ont redonné la foi.
Avec Doctor Who, je me suis remise à écrire plein d'histoires. Et je continue à me questionner devant la complexité des sentiments. A comprendre qu'il n'y a pas de vérité absolue, mais une vérité propre à chacun. Qu'on peut tous, à force de compréhension, de dialogue, trouver son propre chemin.
Et que la seule chose vraiment triste est l'aveuglement, le manque d'espoir qui voile les yeux de tellement de monde.
Tout est à portée. On peut encore rêver.
Et c'est ce bon vieux Docteur qui me l'a apprit.
Quand je rêve du Tardis, je rêve de mes propres possibles, et ce personnage chuchote à mes oreilles à quel point je suis unique, et à quel point mes ambitions peuvent se réaliser.
(depuis, je crois sincèrement en l'existence du Docteur, et j'aimerai avoir un Sonic Screwdriver pour le pointer sur les choses avec un air pénétré.)
(non, pas comme ça, sales sales.)
(bref, le Docteur, c'est un peu mon enfance qui me revient, aussi.)

J'avoue que je n'avais jamais autant pleuré ma race autant de fois que devant cette série.
Ce qui a aussi monté mes ambitions à la hausse et c'est une bonne chose.

-Doctor, yes Doctor!

Le livre qui m'a fait me poser des questions c'est "Le Garçon qui Voulait Devenir un Etre Humain."
Un récit sur un jeune viking qui abandonne sa vie pour devenir un Inuit.
Vivre simplement, loin de la folie des hommes.

Les valeurs de ce livre m'ont fait comprendre à quel point la majorité de ce pour quoi je m'en faisait était vain.
Les querelles débiles avec les collègues, les gamins chiants, le proprio teubé, etc...

J'en ai marre d'être en colère, j'en ai marre de pester contre les autres.

Ce qui me rends malheureuse et qui n'est pas vital (par vital, j'entends, quelque chose comme mon amoureux ou avoir un toit sur la tête) n'a pas lieu d'être et n'existe pas.
La sagesse c'est de savoir trouver la paix, et ignorer le mal.
Quand on l'ignore, il n'existe pas.
Et vivre enfin pour moi, pour mon plaisir, sans me soucier des riens qui me rendent malheureuse est déjà une victoire.



Il ya des choses importantes:
Mon amour, mes projets, mes chats, ma famille.
Et il y a ce qui ne l'est pas:
Tout le reste.
Et tout le reste ne mérite pas que je me mette mal comme avant.

Je ne serais plus jamais malheureuse à cause des autres.
Jamais.




Voila ce que des gens qui n'existent pas m'ont apprit.
Voila comment j'ai grandit.
Je trouve doucement mon chemin dans ce monde fou grâce aux vérités ancrées dans les histoires, et grâce à ceux que je chéri, et qui me font avancer.
Je place les choses avec justesse. Une marque de confiance de la part de mes chats est plus importante qu'un gamin qui m'insulte.Un petit bonheur est mille fois plus grand qu'une petite contrariété.

Bones Land est maintenant la patrie de la joie de vivre tranquille.
Ow yeah.


*représentation imagée de mon sourire de bonheur satisfait*




1 commentaire:

  1. FinsterParadies13 avril 2014 à 06:59

    Cet article est très touchant, et j'y réagit car je trouve inacceptable qu'on trouve de tels cas en France. Moi aussi j'ai connu les privations étant petites, donc je comprend ta situation. J'ai déjà une question (qui est peut-être stupide) : est-ce que vous êtes allés voir les assistantes sociales en extrême urgence ? Oui, parce que pour la bouffe, quand j'était petite mes parents ne pouvaient plus la payer et donc, ils ont eu droit aux Restos du Cœur (qui te filent de la bouffe pour une semaine et tu reviens si la situation ne s'est pas arrangée) ou il y a des chèques aussi. Je sais, c'est humiliant d'aller pleurer des aides aux assistantes sociales, mais parfois ça peut aider beaucoup. Sinon je n'ai pas d'autres idées... y'a le RSA, mais bon tu n'as pas l'âge de pouvoir le toucher à part avoir travaillé pendant 2 ans et avoir un salaire en dessous du minimum ou d'avoir un compagnon qui est lui aussi ai chômage, mais qui ne le touche pas et qui a 25 ans. 'Fin bref, je ne sais pas trop quoi te dire, je te souhaite bon courage pour la suite.

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