mardi 3 juin 2014

Tim Burton, Alice au pays des Merveilles. (et arrêtez vos conneries.)

Ouaih, j'ai pas été là pendant longtemps.
Y'a eu un incendie dans la maison, on a failli mourir, je me suis fait voler ma caméra et sinon y'avait plus internet.
Chacun son problème, j'avais un royaume en crise à gérer.
(fort heureusement la pénurie de croquettes fut évitée. Allégresse. )

Allégresse.
Mise en image.


Donc.
Il y a deux choses susceptible de donner le cancer:

1) Les choses dangereuses (trumpf) du genre une cigarette, ou un téléphone. Les poêles quand on les gratte, et même l'encens. Ta mère file le cancer de nos jours.
(un revolver est dangereux aussi, mais il donne la maladie du trou dans la tête. Qui est tout aussi mortelle mais bien plus rapide. )

2) Les connards qui ont vu 4 films d'auteur et qui se permettent de baver sur tout et n'importe quoi sous prétexte qu'ils (n') ont (pas) comprit Valhalla Rising.
Et dans cette catégorie, ceux qui m'énervent le plus sont ceux qui se permettent de baver leurs diarrhées verbale sur:
a) Prometheus.
(j'y reviendrais.)

b) Tim Burton. Et particulièrement Alice in Wonderland.

Alors.
Je vais tenter de rester calme parce que je pourrais vite m'énerver.

(cet article sera émaillé de Johnny Depp parce que.
Et de Sherlocks méprisants.
I'm a despising Sherlock on my inside.)

Bien.
Donc.
"Gnugnu Tim Burton c'est plus ce que c'était. Gnugnu, j'aime que quand il faisait du Gothique. Le reste, c'est de la trahison à lui même."

...
Brrr....

Tim Burton est un réalisateur amoureux des vieux films de monstre et de séries Z.
Il a putain de réalisé Beetlejuice pour se moquer de l'amérique des années 70, Dark Shadows parce qu'il adorait la série des années 60 et qu'il a un goût prononcé pour le kitsch (et qu'il vomit les vampires actuels et se moque de stéréotypes  , Mars attack parce qu'il aimait les cartes de Mars Attack! et les vieux films d'invasions de monstres et de Kaijus, et vous voulez faire passer ce mec pour un réal gothique?

Vous êtes tarés.

Les films de Burton qui passent pour des chefs d'oeuvre du "gothique" sont:
-Edward Scissorhand.
Qui est une critique sociale de l'Amérique, et la matérialisation de son propre sentiment d'être un outsider.

-Sleepy Hollow:
Parce qu'il aimait l'histoire, et il a essayé de donner à une profonde histoire d'horreur une allure de conte pour enfants.
(comme il l'avait fait mais de manière vachement plus perverses avec son Hansel et Gretel. )
(cherchez sur le net.)
Dans cette histoire il s'est attaché au cavalier plus qu'à n'importe quel autre personnage et l'histoire parle plus de la difficulté de l'intégration sociale de ceux qui pensent différemment (Ichabod) que d'un quelconque point de vue romantique.
Les mecs, Sleepy Hollow c'est pas the Crow, hein. c'est un film d'horreur pour enfants parce que la vision de Burton sur les monstres est que les monstres, c'est cool, parce que le monstre, c'est lui.

-Nightmare Before Christmass:
Qui traite encore une fois de la difficulté de s'intégrer.
Et qui est une certaine revanche sur la vie de Burton après son passage TRES difficiles aux studios Disney.
Et encore une fois, c'est l'histoire de la vision du monde de Burton, pas foutu de s'intégrer dans un monde lumineux, mais cantonné aux monstres, parce qu'il est lui même catalogué "génie étrange".
L'histoire du Nightmare, c'est l'histoire de Tim Burton qui rêve des lumières de Noel mais qui appartient aux ténèbres d'Halloween.
So dark.

Et même les Batman de Burton passent pour Gothiques.

SERIEUX?



                                 


Putain.

Batman est sombre.
Le comic est sombre.
Détective Comics est SOMBRE.
(je peux pas dire DC Comics, ça reviendrait à dire "détective comics comics". Gnuh. Merci le Roi.)

Mais dans ce cas, je veux qu'on me dise que le Dark Knight de Nolan est gothique.
Parce qu'avec la débauche de clowns, de paillettes et de gadgets qu'à injecté Burton dans ses deux opus, ça devrait donner un indice sur la véracité de l'état d'esprit du bonhomme.

(et j'aurais voulu qu'il réalise son Superman en costume fluos, ça aurait coupé la chique à certains.)
(Avec Nicolas Cage.)
(Si.)
(Cherchez sur le net.) (vous êtes grands.)

Burton, un réalisateur pour Gothiques?
Regardez Mars Attack, et shut up.

Burton est un fan de monstres, et il a un penchant malsain pour tout ce qui est mort.
Mais dans ce cas, Jean Pierre Jeunet est vingt fois plus Gothique que Burton.
Faut arrêter de dire n'importe quoi.
Brol.

Bon.
Maintenant.
Alice in Fracking Wonderland...

Je sens que ça va être difficile.
Calme...


Petit report historique.

1865, Lewis Caroll, amoureux d'une petite fille nommée Alice (bah ouaih) (il photographiait des petits filles nues aussi.) (de rien.) fait une promenade en barque avec la dite gamine (les parents avaient grave la confiance) et en lui racontant des histoires il conçoit "Alice's Adventures In Wonderland".

Qui raconte les histoires pleines de nonsense d'une petite fille qui passe de la marre des larmes, à sa rencontre avec le dodo (et l'histoire des gants) et la course sans fin, qui rencontre la reine à sa partie de croquet, et voit la tortue et le griffon.
Sans parler de l'histoire du bébé qui se transforme en cochon.
(quand j'étais petite, j'ai lu le livre avant de regarder le dessin animé. Ma déception a été assez immense, et je dois dire que j'aime les personnages, mais à mes yeux l'histoire est un massacre à la tronçonneuse rouillée.)
(si vous ne connaissez pas ces personnages lisez le livre.)

Relatif succès littéraire.

Du coup, en 1871, Caroll décide de continuer les aventures de Alice.
Avec Through the Looking Glass (de l'autre côté du miroir.)

Ce dernier est une suite plus ou moins directe du premier opus.
Il s'agit de Alice qui joue avec les petits de son chat Dinah, un chat noir et un chat blanc.
Elle tombe sur un livre qui s'appelle 'Jabberwocky" et qui ne peut se lire qu'en étant regardé dans un miroir.
Elle passe à travers ce miroir, et retrouve la Reine Rouge qui mène un combat d'échec géant contre la Reine Blanche.
La Reine Rouge propose à Alice de faire d'elle une Reine si elle gagne la partie d'échec, rivalité sans fin entre les deux reines.
Au fur et à mesure que Alice traverse les lignes de l'échiquier elle rencontre les personnages de Wonderland.
Tweedledee et Tweedledum qui lui récitent le poème du Morse et du Charpentier.
Elle rencontre la reine Blanche qui est complètement à la masse mais a la capacité de "voir l'avenir". (de s'en souvenir en réalité).
Beaucoup de choses sont basées sur la thématique du miroir, du reflet, amenant une réflection sur la réalité, le rêve, et le double.

A la fin il apparaît que le monde serait un rêve du Roi Rouge, et que le chat noir de Alice aurait été la Reine rouge durant tout ce temps. (et le chat Blanc la Reine Blanche.) (cqfd.)
(ce livre vous raconte une batailles de chatons; Internet wins.)

Je vais pas résumer tout le livre parce que
1:
J'ai pas que ça à foutre.

2:
Thanks dear.


Donc.
Les gens qui disent que ce film est "mauvais" en se référant au Disney et au fait que:
"OMG MAIS BURTON EST UN TRAÎTRE A SA FILMOGRAPHIE"devraient se coudre la bouche. Avec un fil de fer plein de souches de tétanos.

Tim Burton est un mec qui aime le monstres, les trucs bizarres, les choses décalées, et les outsiders, et qui pense que les monstres c'est mignon à cause de la métaphore de l'être différent.
(Je pense qu'il pourrait allègement rouler des grosses galoches à Godzilla.)

Alors quand on a dit à Tim Burton:
"Disney veut adapter Alice au pays des Merveilles, ils te rendent les droits de tout tes trucs que t'avais fait quand t'étais chez eux, et en plus ils te laissent la bride sur le cou."
Il a du se faire dessus de bonheur.
Je le comprends.
J'en aurais fait de même.

Et comme non seulement Burton est un profond emmerdeur, qu'il en a rien à foutre parce qu'après des années à ce que les studios lui lâchent des miettes de liberté à cause de son statu de réalisateur "underground pour gothiques" son nom est quasiment une marque déposée et qu'il fait fracking what he wants Thor maintenant, il a prit sa famille sous son bras (sa femme et son Johnny) et il a fait Alice.
Parce que Caroll, parce que Disney, parce que thématique du rejet, parce que "je vous emmerde".

Alors on peut dire ce qu'on veut de Burton, mais rien qu'avec le matelas de billets qu'il se fait sur The Nightmare en produits dérivés, il a pas besoin d'argent, et faire des films pour le pognon n'est pas une raison première pour lui.
Il s'en tamponne avec un sucre.
(Suffit de voir son expo au MoMa pour s'en rendre compte. Si ce mec là avait du faire des films pour l'argent, il serait rester à vomir chez Disney.)

Ah, autre chose.

"Gnu Djony Depp il a pa de talent, gnil fé toujours gna même choz."
Est-ce que les gens qui nous sortent ces bêtises ont vu Dead Man? Don Juan de Marco? Chocolat? Neverland? L'imaginarium de Parnassus? Rochester? EDWARD? ED WOOD ?!
Les gens qui croient que Depp joue "toujours le même personnage" devraient regarder trente secondes ce que nous pond Jack Nicholson depuis vingt ans.

Putain.
Quand il joue un rôle où il ne cabotine pas, on lui crache à la gueule parce qu'il "ne donne pas assez" et quand il joue des rôles plus marqués "il en fait trop".
PUTAIN.
Donnez moi trois Nikons 7100, quelques fonds, je lui fait jouer Macbeth, et vous pleurerez à genoux devant cet homme.

Le problème de Depp est le même que celui de Burton.
Personne ne prenait Burton au sérieux pour ce qu'il était, on l'a associé à ce qu'il n'était pas (il n'a pas réalisé le Nightmare, pour la petite histoire, même si il a écrit et supervisé.) et on lui reproche d'être ce qu'il est maintenant: un réalisateur de films personnels dans son propre délire complexe des films de série Z et de monstres multicolores.
On a prit Depp pour un acteur "bien mais trop underground, trop ingérable, pas bankable" jusqu'à Pirates des Caraïbes et maintenant on lui reproche de ne pas être Jack Sparrow.
(rôle qu'il avait accepté pour faire plaisir à son fils, afin que le gosse puisse voir au moins un rôle de son père au cinéma, les autres films étant jugés trop violents.)
You People are weird.


Humr.
Pour en revenir à Alice aux Pays des merveilles.

Le parti de Tim Burton a été de s'intéresser au poème du Jabberwocky, que Alice lit à l'envers dans le miroir.
Voila ce poème:

Twas brillig, and the slithy tovesDid gyre and gimble in the wabe;All mimsy were the borogoves,And the mome raths outgrabe.
“Beware the Jabberwock, my son!The jaws that bite, the claws that catch!Beware the Jubjub bird, and shunThe frumious Bandersnatch!”
He took his vorpal sword in hand:Long time the manxome foe he sought—So rested he by the Tumtum tree,And stood awhile in thought.
And as in uffish thought he stood,The Jabberwock, with eyes of flame,Came whiffling through the tulgey wood,And burbled as it came!
One, two! One, two! and through and throughThe vorpal blade went snicker-snack!He left it dead, and with its headHe went galumphing back.
“And hast thou slain the Jabberwock?Come to my arms, my beamish boy!O frabjous day! Callooh! Callay!”He chortled in his joy.
Poème qui, dans le film annonce le combat à venir entre la Reine Rouge et Alice.
(plus ou moins comme dans le livre donc, ou le poème est le déclencheur du passage de l'autre côté.)







Comme je suis bonne je vous donne une des traductions du poème, vu qu'il est composé de néologismes et de mot-valises (selon ce bon vieux Vian, et entre parenthèses, bonne chance à ses traducteurs étrangers, à lui aussi.)
(traduction de Henry Parisot.)
(car oui, des gens ont décidé de traduire ceci.)

Il e'tait grilheure; les slictueux toves
Gyraient sur l'alloinde et vriblaient:
Tout flivoreux allaient les borogoves;
Les verchons fourgus bourniflaient.

«Prends garde au Jabberwock, mon fils!
A sa gueule qui mord, à ses griffes qui happent!
Gare l'oiseau Jubjube, et laisse
En paix le frumieux Bandersnatch!»

Le jeune homme, ayant pris sa vorpaline épée,
Cherchait longtemps l'ennemi manziquais...
Puis, arrivé près de l'Arbre Tépé,
Pour réfléchir un instant s'arrêtait.

Or, comme il ruminait de suffêches pensées,
Le Jabberwock, l'oeil flamboyant,
Ruginiflant par le bois touffeté,
Arrivait en barigoulant.

Une, deux! Une, deux! D'outre en outre!
Le glaive vorpalin virevolte, flac-vlan!
Il terrasse le monstre, et, brandissant sa tête,
Il s'en retourne galomphant.

«Tu as donc tué le Jabberwock!
Dans mes bras, mon fils rayonnois!
O jour frabieux! Callouh! Callock!»
Le vieux glouffait de joie.

Il e'tait grilheure; les slictueux toves
Gyraient sur l'alloinde et vriblaient:
Tout flivoreux allaient les borogoves;
Les verchons fourgus bourniflaient.

Une autre traduction vous dira sans doute quelque chose:

(et comme vous le constatez, ça n'a rien à voir.)
(un conseil, regardez ce film en VO.)
(regardez vos films de VO de toute façon, ça vous fera du bien.)


Dans le film de Burton on retrouve donc l'oiseau jujube (qui kidnappe les jumeaux) ainsi que le Bandersnatch, qui est le gardien de l'épée Vorpale (aussi présente dans le poème.) Ainsi que la notion de monstre à terrasser et d'épreuve initiatique ("tu as tué le Jabberwocky mon fils" c'est donc un aîné s'adressant à son cadet, notion de passage, de rite d'accomplissement, blablah.)

Tim Burton a simplement relié la thématique du rite de passage présente dans tout le livre (Alice gravit les lignes du jeu d'échec avant de devenir accomplit, de devenir une Reine. Et de se rendre compte à quel point tout cela était vain. A quoi bon grandir quand tout est un rêve fugace?) avec le rite de passage du Jabberwocky.
Ce qui est une idée intelligente.


Bien.
Ensuite.

Points de discorde numéro un:
Le chapelier.
Hatta. The Hatter.
(Caroll ne l'a jamais désigné comme étant fou, le "Mad Hatter" n'existe pas. La folie non plus n'existe pas réellement. C'est une problème de distorsion de la réalité. "My reality is just different than yours", nous n'avons pas tous la même réalité.)
Le Chapelier, selon Caroll est bloqué à 6heures, l'heure du thé, pour lui épargner de se rendre à l'heure de son exécution, condamné à mort par la Reine de Coeur.
C'est le temps lui même qui l'épargne. Le temps personnifié.
Il est aussi messager du Roi Blanc, et a toujours des soucis avec la loi, car il est souvent condamné à mort sans jamais avoir vraiment fait de mauvaises choses.
Condamné à mort avec des soucis avec le temps. Hatta est un personnage bloqué dans le temps et récitant de la poésie sans aucun sens.

En réalité, c'est le chat (qui lui se défini comme fou) qui désigne le Chapelier et le Lièvre de Mars comme des fous. Mais comme on l'a vu, pour le chat, la réalité distordu de chacun est un signe de folie. Tout le monde est fou car tout le monde voit les choses différemment.

De plus, il dit une énigme qui a été construite pour n'avoir pas de sens:
"Why is a raven like a writing desk?"

Dont la réponse est:

"I haven't a slightest idea."

Énigme sans réponse. Phrases sans sens, et sans but.
La beauté du verbe pour sa simple beauté.


Il est bien au delà de cet espèce de bouffon taré et méchant qu'on veut bien nous faire gober dans Disney.

Et pour Burton le parallèle était bien trop beau.
Messager aux phrases sans but ayant un soucis avec le temps qui passe, obsédé par la beauté du verbe, etc.
Il a fait de lui le passeur qui initie Alice aux secret de Wonderland (tout en étant relativement fasciné/amoureux d'elle) (bawi).
Une métaphore/un parallèle de Lewis Caroll.

Mais tout dans cette histoire est une question de parallèle et de reflets.

Ce qui est par contre "cohérent dans l'erreur" entre le Disney de 1951 et le Burton, est que la Reine Rouge et la Reine de Coeur sont réunies pour ne faire qu'un seul et même personnage.

Le but de Burton était de faire un "pont" entre les deux histoires, aussi bien entre les deux livres qu'entre les deux Disney. Une sorte de suite, comme un passage à l'âge adulte.
Ce qui reste cohérent, quand on regarde la méprise faite par le premier.
Il aurait été trop difficile de gérer une troisième Reine dans le scénario d'un film de pas deux heures et le passé de Alice devait être cohérent avec son combat contre le Jabberwocky/la Reine Rouge.

Donc "gné n'importe quoi gné pas cohérent avec le Disney"...


Internally wishing your painful death.

Ensuite:
La Reine Rouge/la Reine de Coeur:

La Reine Rouge est un des nombreux pions du jeu d'échec qui compose Through the looking glass.
Dans le livre, avant de devenir l'ennemie d'Alice, elle va gentiment lui proposer le jeu d'échec dans lequel Alice jouera son rôle de Reine.
(Dans le film Alice rencontre la Reine dans son enfance, et est d'abord gentille avec elle.)
(OMG mais serait-ce de la cohérence. Mais non, ce n'est pas possible ce film cey du kaka.)
La Reine Rouge est selon Alice la cause du désordre à Wonderland, et Alice se réveillera en brutalisant la Reine, ce qui aura pour effet de mettre le Roi hors d'état de nuire.

Dans le film, la Reine a tué le Roi.
De toute façon, à part le Chapelier qui est un initiateur / protecteur et qui n'a pas de rôle politique, et le Valet Rouge, qui est aussi un guerrier / protecteur les femmes ont prit le pouvoir politique.
Et même si les personnages non humains sont majoritairement des hommes les rôles titres sont tenus par des femmes.
Alice, c'est une histoire de nanas. Et profondément respectueuse de la place de la femme.

Les femmes prennent le pouvoir.
Et comme dans un jeu d'échec, faire tomber la Reine fait tomber le Roi.
C'est comme ça.
(vazy pour écrire un truc pro nanas quand t'es un homme dans les année 1880)
(je tiens à le signaler.)

Néanmoins, si la Reine de Coeur est une furie de passion (comme la décrit lui même Caroll) la Reine Rouge est un modèle de monarchie froide et sévère, tout en étant impitoyable.

C'est néanmoins un amalgame des deux Reines que fait Burton, ainsi que du personnage de la Duchesse, qui est un peu moins présente dans le livre, afin de rendre un portrait plus cohérent avec le "passé" de Alice.

Le fait d'utiliser les animaux comme meubles est un emprunt à la fameuse scène du croquet de Wonderland, où on se sert de flamants comme maillets et de hérissons comme boules de croquet.

Les parallèles entre le monde "réel" et le monde de Wonderland sont aussi nombreux.
Les deux Filles réagissant et parlant comme Tweedledee et Tweedledum. Le fiancé de Alice qui se plaint des jardiniers qui ne lui ont pas planté les bonnes roses.
La Reine, qui veut imposer sa volonté à Alice est vue comme une métaphore du fiancé, ainsi que le Jabberwocky.

Dans le film, Alice veut se soustraire à ce à quoi elle est destinée, considérant sa destiné comme une contrainte.
Que ce soit son mariage avec un garçon qui ne l'aime pas et n'aime pas ses idées, tout comme le combat avec le Jabberwocky qui est prévu dans le déroulement du destin de Wonderland.
C'est en découvrant qui elle est au travers des nombreux conseils et élucubrations des personnages qu'elle va finalement se trouver, accepter son identité et son destin pour sauver Wonderland.

Alors quand on me dit que ce film est juste un film pour enfants stupide...



La thématique de l'amour n'est pas absente.
La thématique de l'amour et des relations.
Mais toujours comme moteur du passage à l'âge adulte.

Alice refuse de se marier, pour une bonne raison:
Elle n'aime pas son fiancé.
(bravo Alice, c'est une bonne raison.)

Elle préfère les projets plus ambitieux, à l'instar de son père, son vrai passeur/initiateur, mort quelques années auparavant.
Néanmoins, en tant que femme, elle est moquée dans ses projets (une femme porte les gosses et s'occupe du foyer, pas des affaires) , et ses "lubies" sont également moquées.

Mais il subsiste en elle le souvenir de "cauchemars" qu'elle faisait étant enfant. Une période associée à son père. Une période où son père lui disait que oui, nous sommes tous fous, mais que tout les gens bien le sont. Ils voient juste une réalité différente.
Paroles que reprendra le chat du Cheshire. Animal semi fantomatique, jamais vraiment impliqué, jamais vraiment présent, qui se fait "tuer" lors de l'exécution du Chapelier, mais qui reste à dispenser ses conseils sibyllins dans l'oreille d'Alice.

Tu la sens ma grosse métaphore de l'absence du père, là?


Le jour de ses fiançailles, elle voit le lapin blanc (messager de la Reine Rouge, puis de la Héraut de la Reine Blanche) et plutôt que répondre à la demande du prétendant, elle fuit purement et simplement dans le trou du lapin.

Elle arrive à Wonderland, grandissant et rapetissant à l'envie.
Pour finalement se retrouver devant la chenille Absolem, Tweedledee, Tweedledum, et s'entendre dire qu'elle a une destinée à accomplir.
Elle doit tuer un monstre, le Jabberwocky, afin de sauver Wonderland et de rendre la couronne à la Reine Blanche.

(Afin de garder un semblant de cohérence, ce n'est pas ici Alice qui deviendra Reine, mais la Reine Blanche qui est la soeur de la Reine Rouge. Au moment ou la Reine Blanche Gagne sur la Reine Rouge, Alice admet les vérités impossibles de son père et devient Alice au lieu de "Alice non-Alice", double/ombre d'elle même et de sa légende.)
(et si.)

Révoltée par l'idée de se voir accepter un destin encore pire que le précédent, elle refuse, avant de se voir retirer le droit à porter son nom.
Elle devient "Alice qui n'est pas Alice" et n'est plus que l'ombre de celle qu'elle était.

Là le petit groupe se fait attaquer, et elle arrive à fuir, rencontre le Cheshire Cat, et arrive à la partie infinie de thé avec le Chapelier.


Le chapelier est le seul à croire à son identité d'Alice "réellement Alice."
Et dans leur fuite (ils sont suivis par le valet rouge, aux ordres de la Reine rouge) il lui raconte la déchéance du royaume, la brouille des deux soeurs, la rouge et la blanche, dans un décor de glace et de feu aux lumières chaudes et froides, ou l'indécision d'Alice se dispute avec son envie d'être libre.
Thématique de la dualité, encore, entre aperçu de l'avenir d'Alice si elle accepte les contraintes de son mariage par le biais de La Reine rouge/Hamish (ce que nous verrons plus tard.) détruisant Wonderland par cupidité.

Elle n'est pas elle même car elle n'est pas complète sans ses souvenirs, ni sans sa détermination elle n'est que l'ombre de son légendaire double. Comme si son elle d'enfance venu plus tôt en Wonderland était plus fort, plus brave, moins prompt à s'attacher aux conventions que son elle-même plus âgée, et plus conventionnel.

Et le Chapelier est le seul à croire en elle.

Car dans ce monde de dualité ou chaque chose a son double déformé, chacun miroir l'un de l'autre, le chapelier est le miroir de lui-même.
Il est lui-même et son double, deux personnalités, une violente, rapide, et intempestive, et une artiste, plus vagabonde, plus mesurée.
Et il voit en Alice à la fois son double et elle-même, comprenant son déchirement.

C'est aussi ce qui les rapproche, et fait leur connivence, leur "amour" sous jacent:
Etant chacun complets avec eux même et chacun portant en eux deux facettes d'eux même, possédant chacun le côté pile et le côté face, ils sont le double l'un de l'autre.

Mais si.
Tac.

Notons également que si le Chapelier comprends Alice, en tant que son complément parfait, Alice comprends le Chapelier, et leurs deux étrangetés se complètent.
Et physiquement, le Chapelier fait écho à Amish, tout deux prétendants d'Alice, tout deux portant les cheveux roux.
Et le Chapelier en haïssant la Reine donne un petit taquet par monde interposé aux valeurs étriqués de Hamish.

Ah oui.
TOUT dans ce film, des cheveux, aux costumes, aux couleurs, a une raison d'être.
Voila.
Redites une fois que c'est facile et à chier?

Bref.

Alice arrive, sur le chapeau du Chapelier (je passe sur cette métaphore, je vais pas vous mâcher le travail non plus) dans le château de la rein Rouge/De Coeur/Etc.

La Reine aime ce qui est surdimensionné car sa propre tête est immense par rapport à son corps.
(Hamish, son orgueil, tout ça...)
Ainsi elle ne tient dans sa cour que des gens qui ont des parties surdimensionnées. Seins, nez, ventres...

Hélas ses courtisans ne sont que des menteurs, usants de postiches pour la tromper. Mais perdue dans son délire de puissance elle ne le voit pas.
(petit taquet à la superficialité des relations sociales au passage.)
Grandissant grâce à une gâteau, Alice parvient à s'introduire dans la cour de la reine, qui voit en elle juste une gigantesque femme.

Le Chapelier se voit lui aussi emprisonné dans le château. Mais en flattant la Reine il arrive à garder la vie sauve et on lui ordonne de retrouver son métier de chapelier.

A ce point là, je veux intervenir sur le personnage du valet Rouge/de Coeur.

Dans ce film le Valet a un rôle habituellement réservé aux femmes. Seulement intéressé par les personnes de "grandeur" il se dit fou amoureux de la Reine à cause de sa tête et de son pouvoir. Et elle, comme un enfant, n'y voit que du feu. En ce sens, la Reine est naïve comme un enfant. Et capricieuse comme un enfant.
C'est le côté enfantin de la Reine qui s'oppose au côté adulte de Alice.
Quand le Valet voit Alice, il voit en elle une personne de pouvoir, et se dit fou amoureux, trahissant la Reine en déclarant sa "flamme" à Alice. Qui le repousse.

En repoussant la partie cupide et revendicatrice du clan de la Reine, Alice va se retrouver face à son destin, et choisir de s'enfuir en emportant l'épée vorpale et le Bandersnatch.
En étant elle même elle dompte les monstres.
Elle repart au château de la Reine Blanche sur le dos du Bandersnatch avec l'épée.
Et pour avoir aidé Alice à fuir, le Chapelier se retrouve condamné.

Le Chapelier est condamné pour avoir sauvé Alice de son destin.
Et il est sauvé par le chat.

Les bon choix, la vie rêvée d'Alice, sa propre personne, se retrouvent condamnés pour avoir refusé son mariage plus ou moins forcé. Et elle sera sauvée par le souvenir de son père.

Comme à la fin du film donc.
(subtilité scénaristique, I has it.)

C'est au château de la Reine Blanche qu'Alice se retrouvera face à elle même.
Qu'elle acceptera de se souvenir, qu'elle acceptera son enfance comme partie d'elle même, en se débarrassant des conventions sociales.
Elle se rends compte que ne pas se souvenir du Chapelier au réveil, nier son existence, réelle, est comme nier l'existence de sa propre personne.

Et c'est à ce moment là qu'Absolem s'endors pour se transformer en papillon.

La chenille Absolem, qui assène les vérités, et nie à Alice son droit d'être Alice à cause de son tempérament faible et timoré, à cause de son refus de Wonderland. Quand elle accepte d'être elle même Absolem devient cocon.
Car il ne suffit pas d'accepter pour devenir sois-même. Il faut le mûrir. L'intégrer. Et le vivre.
Ce n'est qu'à la fin du film qu'Absolem réapparaîtra  dans le monde réel, sous forme de papillon. Et qu'Alice le salue, ayant complètement accepté les deux parts d'elle même, Wonderland et l'autre monde, ainsi que ce "pont" entre eux.

"Gné sey nul kom fin ça explik rien!"


Alice va donc décider de combattre le Jabberwocky.

Et elle s'aligne sur l’échiquier avec la Reine rouge et la reine Blanche.
Elle est l'Alice de la légende. Du moins elle prétend l'être.
Et elle s'accroche à la Vorpaline.

Car ce n'est pas elle, mais l'épée que le Jabberwocky salue comme sa vieille ennemie. L'animal salue la légende plutôt que l'individu, et affronte son destin sans fin qui est de combattre l'épée.

Pourtant, en faisant face à la légende, en faisant confiance à l'épée, et en se souvenant de son père, en admettant l'impossible, remontant le temps dans ses mots jusqu'à remonter accepter son propre combat, elle tuera le monstre, et deviendra elle même, par le biais de la légende.
Elle accepte le passé, le présent, son avenir, et sa personnalité en même temps.
Chapeau l'artiste.

Mais accomplir son destin c'est faire face à ses responsabilités, et elle décide de rentrer chez elle tandis que la Reine Rouge et son Valet son attachés ensembles, destinés à errer dans le désert, comme un hideux monstre à deux têtes fait de haine, tandis que la paix est retrouvée dans Wonderland.

(okay, la seule chose que je ne comprends pas c'est la danse du Chapelier, mais bon. Pas sa cause, mais sa forme. C'est pas joli; mais bon. )

Alice rentre dans la "réalité" et là :



Elle met la réalité à plat.
Elle refuse son mariage avec Hamish, elle dit ses quatre vérités à tout le monde, et décide de reprendre les affaires de son père.

Elle ira en bateau voyager à travers le monde pour faire du commerce.
Un autre voyage où elle partira entière.
Après s'être découverte elle même elle part découvrir le monde.
Néanmoins, acceptant cette autre partie d'elle même, elle promet au Chapelier de revenir.
Gardant pour toujours le lien avec elle même à travers Wonderland.

Et comme lui, elle montrera ses chevilles à l'assemblée réunie pour ses fiançailles  s'affranchissant définitivement des tabous sociaux dans une danse autrement plus sauvage que le quadrille que Hamish trouvait "follement vivifiant."

Voila.

Donc.
Dans ce film, tout a une profondeur, et tout est relié de manière relativement délicate et intelligente au livre; faisant des choix certes pas faciles mais cohérents pour le film.

Le propos est profond, les parallèles sont profondément construits, aidés par une mise en scène qui fait des liens de costumes, de couleurs, de décors cohérents. Et encore j'ai laissé tombé des choses parce qu'avec le matériel que j'avais sous la main j'avais de quoi écrire facile trois fois plus de choses.

Ce n'est pas "un vomis" ou "du caca" comme j'ai pu l'entendre lors de brillantes analyses justifiées seulement par le fait que, olalah, "Tim Burton depuis Sleepy Hollow il fait vraiment de la merde."


Sans parler des débiles profonds que j'ai voulu étrangler quand j'ai entendu les critiques comme quoi Frankenweenie c'était du resucé facile.
Les mecs.
Ce projet existe à l'état de court métrage préparatoire dans les studios Disneys depuis bientôt trente ans. Ca fait des années que Burton voulait en faire un long métrage mais il pouvait pas parce qu'il ne possédait pas les  droits de sa propre création.

Sans vouloir me répéter, un film c'est des années de pré prod, des mois de tournages, des putains d'implications, et Tim Burton a fait les choses vraiment vraiment bien sur ce film. Il n'a vraiment rien laissé au hasard, et il s'est même donné des coups de pied au derche pour les plans de bagarre qui ne sont pas du tout son truc à la base.
Et il s'en tire bien de ce côté là.

J'en ai marre d'entendre les gens déscendre un film à cause de ce qu'ils croient savoir, et parce qu'ils ne sont pas capables d'analyses cohérentes.
Parce que pour eux, un divertissement "pour enfants" ne peut pas être profond.
(tu veux qu'on parle du moment où Alice patauge dans des douves remplies de têtes en décomposition et met son pied dans la bouche d'un des cadavres? )
Parce que Tim Burton fait du "gothique en simili noir et blanc" et c'est tout.

Genre le mec il a droit à un remake de The Crow, et éventuellement faire un film de vampires.
Ah non c'est vrai, il a fait un film de vampires pour se moquer des films de vampires et il s'est fait cracher à la gueule.
(suis-je sotte.)

Et personne ira penser qu'un mec qui a grandit dans une admiration forcenée de Bella Lugosi et Vincent Price ait envie de vomir devant le cinéma fantastique du moment et s'en moque. Mais non.
Tskt.






Voila.
C'est tout ce que je vais me permettre de dire sur le sujet.

Je vous recommande quand même d'avoir un minimum de respect pour l'industrie du cinéma, parce que c'est à cause de personnes critiquant sans savoir, avec une fausse exigence de critiques sans culture qu'on fini par avoir du cinéma à la Transformers 258 et Fast and Furious 19 qui envahissent et polluent nos écrans et que des films comme Only lovers left Alive ou Saving Mrs Banks restent pas 15 jours au cinéma.

La sous culture au service du divertissement rentable et vite digéré, vite oublié.

Et moi, ça me rend triste.






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