samedi 7 juin 2014

Tim Burton et les monstres.



"Ah ouaih, je vois quand tu fais des articles à des dates raisonnables les uns des autres, c'est toujours pour nous parler du même sujet, bah bravo le foutage de gueule, hein."






Shut up.
C'mon blog, j'en fais ce que je veux, et ça fait un an et demie que je cherche la motivation pour écrire cet article, okay.

De plus, j'ai sérieusement besoin de décompresser parce que hier j'ai croisé une personne dont la présence seule m'empêche de dormir, et l'idée que ce... cette... ce... hum, personnage, traîne ses basques dans les environs de ma maison me donner envie de lui brûler les cheveux pour faire un barbecue de sa cervelle.
Il y a des gens comme ça...

Du coup je vais faire un bon article pas prise de tête pour moi sur un sujet que j'aime.
(et ptètre même après ça, je pourrais bosser.)
(comprends : passer six heures d'affilée à écrire un bouquin en chantier depuis 7 ans que j'ai déjà 3 jours de retard sur ma deadline imposée.)
(ahahah.)
(qu'est-ce qu'on rigole.)


Bon.
Je voulais vous parler des monstres, et du cinéma Burtonnien.
(Je déclare officiellement ce terme valide, parce que ça m'arrange bien. J'ai fait valider ce terme par Cendres le chat qui a ronronné très fort. La preuve que c'est bon.)

Je vous conseille d'ailleurs cet excellent livre:
Tim Burton entretiens avec Mark Salisbury
Dans lequel ce cher Timothy parle lui même de sa vie, son oeuvre, ses galères avec Disney, ses galères avec les studios, ses galères avec les scénaristes, et ses monstres.
De la bonne came.

Comme je l'expliquais dans un article précédent, Burton n'est pas un réalisateur de films gothiques. C'est même pas un réalisateur de blockbusters.
En réalité, on l'aurait laissé faire ses trucs tout seuls dans son coin, sans aucune contrainte, on l'aurait pas prit pour un génial réalisateur tout public mais pour un homme amateur de films de Kaijus, de monstres en go-motion, et de vieux films d'horreur qu'il mettait à sa sauce dans un délire visuel trop plein de couleurs pour être honnête, et tout se serait très bien passé.

Burton c'est le cas typique du réalisateur pour public d'amateurs qui est tombé par une erreur monumentale dans le star système.
A cause de son Nightmare before Christmas, qui n'a même pas cartonné tant que ça à sa sortie, qui a été retrouvé par les neo-gothiques des années 2000 et érigés en tant que symbole du dark et de ce que devait être Tim Burton.


Da fuck?


(quand j'étais gosse ce film me terrifiait. )
(je pouvais pas le regarder en entier. ok?)

A la base, le Nightmare, c'était un poème écrit par Burton, qu'il a porté à son copain Danny Elfman.
(si vous voulez vous la raconter:
-Elfman a un groupe appelé Oingo-Boingo
-C'est lui qui chante les partitions de Jack dans la VO. Pitiez regardez vos films de VO.)

Et comme la réa de ce film (bon, jour fais du stop motion. c'est LONG.) a duré longtemps et qu'entre temps Burton a eu le temps de faire Batman et Edward aux mains d'argent, il n'est QUE le scénariste du projet.
Il n'a pas réalisé le Nightmare. Même si c'est son petit, c'est pas lui.
(C'est comme dire que Georges Lucas a réalisé les Star Wars.)
(Ahahah. Faut pas déconner. Il a réalisé l'épisode 4, et après il a refilé le bébé. Il s'occupait même plus du casting à la fin. Rien à foutre, le mec.)

Donc oui, Nightmare est sorti de l'esprit de Burton. Il a créé Jack, il l'a dessiné, il a créé l'histoire, il passait de temps en temps pour voir. Mais le mec qui l'a réalisé c'est le papa de Coraline.
(ce film est bien.)
(regardez le.)
Et c'est très bien qu'on donne le crédit de ce film à Burton (qui doit se faire des organes reproducteurs en platine avec les produits dérivés même en enlevant le pourcentage Disney) mais c'est important de ne pas oublier monsieur Henry Selick.

Néanmoins, avec le Nightmare, on touche à deux points essentiels de Burton:
-Son amour des techniques traditionnelles
(même s'il a craqué le slop avec Alice, je pense que c'était plus une demande des studios Disney. Par exemple, pour Big Fish, la scène des jonquilles: il a dévalisé les fleuristes de trois états des états unis pour avoir le bon nombre de jonquilles. Et le CGI était hors de question, même si on lui avait proposé.)
-Son esprit créatif.
Burton est un des rares réals (avec Scott et j'ose m'avancer, Del Toro) à mettre la main à la pâte niveau design, à faire une partie des story boards lui-même (surtout en ce qui concerne ses projets animés) et à toujours participer au processus créatif. C'est pas le genre à filer l'idée aux dessinateurs et à partir se boire un café.

Tim Burton est avant tout un créateur.
Un dessinateur.
Et c'était son premier métier, même.
Designer chez Disney.


Disney street cred.

Ce petit pourrit a fait Cals.
(Cal Arts, l'école des studios Disney, en quelque sorte.)
(j'ai rêvé de Cals, tu as rêvé de Cals, tout les gens qui ont touché un crayon ont rêvé de Cals.)
*sanglots*

Burton était animateur.
Il a bossé pour Rox et Rouky (en même temps donc que mon idole Glen Keane. Hu. )(Le mec qui a fait Aladdin, Ariel, la Bête et qui était chef de l'anim dans Tangled. Je sais pas si tu vois le level.) et il était malheureux.
Oui, ce petit pourrit était malheureux de faire des renards pour Disney.
Ma foi.





Faut dire qu'à la base, les renards mignons, il y était pas vraiment destiné.
Burton, lui, il aimait les monstres.
Il aimait les reclus, les gens différents, et il aimait regarder son propre mal-être à travers le prisme des monstres qu'il voyait sur la télé de ses parents depuis son enfance.
(je n'invente rien. Il le dit lui même.)

C'était un gamin qui se sentait seul, qui se sentait différent, qui se sentait mal. Et qui voulait dessiner des monstres.
Le genre de gosses qui a tellement pas peur du monstre de Frankenstein qu'il veut lui faire des câlins pour lui montrer qu'il est pas tout seul. Que lui aussi est un monstre.
Que c'est pas les monstres, les physiquement différents qui font peur.
Mais les gens "normaux" qui vivent dans un univers incompréhensible.

Le personnage de Edward Scissorhand a été écrit des années avant sa réalisation, car il symbolisait pour Burton son incapacité à communiquer avec le monde.
Les mains, outils pour toucher, pour sentir, pour communiquer, Tim Burton ne savait pas s'en servir. Il savait juste créer des dessins qui n'intéressaient personne (même pas les studios Disney où il est resté deux ans à moitié assis sous une table à faire plein de dessins qui ont finit dans un coffre du studio dès que le monsieur a prit de la Hollywood cred) (après avoir dessiné des renards on l'a collé au département recherche.) (ahahah.).
Tim Burton EST Edward.
(posez la question à Depp pour savoir ce qu'il en pense.)

Tim Burton se voit comme un monstre, incapable de communiquer correctement avec les autres.
Un artiste pas à sa place.
Visionnaire, cela allait se vérifier tout au long de sa carrière.
(du moins jusqu'à ce que son nom devienne une marque déposée et qu'il puisse faire ce qu'il voulait.)
(dans un grand rire machiavélique.)

Tout ses personnages, les personnages auxquels il s'identifie sont basés autours de la thématique de l'outsider.
C'est peut-être redondant. Mais en même temps, c'est ses films et il vous demande pas votre avis.
(avec le trio gagnant du début Pee Wee - Beetlejuice - Batman, l'aurait fallut voir venir quand même, que le mec était légèrement obsessif.)

C'est aussi pour ça qu'il cale tout ses rôles "autobiographiques" dans les pattes de Johnny Depp.
Déjà parce que Tim Et Johnny sont secrètement mariés  sont meilleurs copains avec un degré de "t'es mon pote je t'aime pacte de sang à la vie à la mort" assez extrême. Et que si je passais mon temps à hurler ma frustration d'enfance et mes doutes existentiels à longueur de temps sur un écran, je confierai ces rôles qu'à mon plus fidèle pote qui:
1 -ne  risque ni de me trahir ni de se foutre de ma gueule
2 - me comprends assez pour rester fidèle à l'image que j'ai de moi
3 - va la sublimer pour me renvoyer une image assez fidèle pour que je me reconnaisse mais qu'en plus il va transformer ce portrait en oeuvre d'art à portée d'autres gens

Mais les gens disent encore:
Ah nan mais gens, hinhin, y'a que sa femme et Johnny Depp dans ses films, il sait pas faire autre chose, hein, genre, des films sans famille, faut qu'on lui tienne la main?



Le prochain film de Tim Burton se fera SANS Helena et Johnny.
(mais avec Christoph Waltz.)
*mouchoir pour ceux qui bavent d'avance*

Et oui, depuis 2005, il n'avait fait QUE des films avec Johnny Depp.

Mais depuis 2005 il n'avait pas envie se se séparer de sa famille.

Tim Burton, l'enfant qui se sent comme un monstre, l'enfant qui se sent pas à sa place, a vu Beetlejuice (échec critique à base de bon gros fumble au moment de sa sortie) être redécouvert et exploser les ventes en DVD, et après s'être tapé des années de galère avec les studios (après un relatif "bon, ça marche assez bien tes conneries de manège pour enfant sous acide, fais ce que tu veux, mais déconne pas" sur le deuxième Batman) (qu'il a mal vécu parce qu'il vivait à l'époque très mal les gros studios) (le mec il bossait SOUS son bureau chez Disney, je rappelle) qui se sont soldées par un "ahahah, tes conneries avec la panète des singes là, c'est pas possible, tes histoires d'amour entre le signe et l'homme, t'es fou dans ta tête mec, t'es à hollywood, là, hein, et tes scènes de bataille tu vas te les carrer dans le cul, non mais il est pas bien lui" et qui lui a valu de vomir sa profession par tout les orifices possibles, finalement, le mec, il a fait Big Fish.
Big Fish, après son désastre sur la Planète des Singes, c'était sa thérapie.
C'était "laisse moi tranquille, laisse mon faire mon film, laisse moi, je vais vous abandonner avec vos conneries, et je vais filmer des monstres humains rejetés de la société".


Big Fish, l'histoire d'un conteur d'histoire qui déforme la réalité pour que tout soit plus fort, plus beau, et qui finalement perd la crédibilité de son fils.
(bonjour je vis ma thérapie avec les millions d'Hollywood, et je t'emmerde.)

Big Fish c'était la planche de salut d'un mec à qui on a toujours mis des bâtons dans les roues, qu'on a essayé de faire rentrer à coup de savate dans des moules divers et variés, et à qui on ne laissait la bride que pour des projets "bizarres mais on va quand même lui filer de quoi faire son truc, des fois que ça marche".
A qui on a fait réaliser Batman sans croire 4 secondes à son potentiel dans un de ses projets personnels.

Et bizarrement, après être passé pour un mec qui réalise des films "WTF, très bien mais bon finalement, ça passera jamais auprès du chaland moyen" finalement devient un "artiste".
Un type qui a une "vision" une "patte".
Et qui vaut des sous.
C'est en jouant les incompris et en étalant ses névroses acidulées que Burton a du talent.

Alors, on lui lâche la thune pour faire "Charlie et la Chocolaterie;".
(ouaih, cash, comme ça.)

Et donc, le mec, il prends sa famille sous son bras.
Parce que, avec toutes ses névroses et sa méfiance exacerbées du star système, il est hors de question qu'il fasse quoi que ce soit sans sa femme et son Johnny.
Nope.


(et faut avouer que c'est pratique un mec tu lui dis:
"alors je vais te pourrir la gueule de maquillage et de postiches, te faire porter un costume inconfortable 15h par jour et te faire jouer un rôle difficile qui, si tu te chies d'un demi millimètre te rendra complètement ridicule" et le mec il te réponds" han trop cool!" )
(j'aimerai.)

Et faut avouer aussi que Johnny Depp il a eu beau aligner Edward Scissohand, Las vegas parano, Ed Wood, Dead Man, Gilbert grape, et j'en passe, ben avant de se torcher ce PUTAIN de Jack Sparrow les studios pariaient pas un demi nougat (rance) sur sa gueule.

(Plaignez vous que Di Caprio ait pas eu d'oscars. J'en connais un autre.)

Je me met aussi à la place de Johnny Depp.
Quand il est arrivé pour Edward à son entretient avec Burton, en gros, Burton lui a dit:
"Salut, tu n'as aucune crédibilité nulle part tu es un BG dans une série de merde, tu as envie de te suicider, le mieux qu'on t'ai donné c'est une caricature de toi-même (Cry Baby, souvient toi) je te file le rôle de ta vie, ça te demandera du talent, et un putain de boulot d'acteur, je m'en fiche de ce qu'on pense de toi, je vais hurler dans le bureau des producteurs pendant une semaine pour que les mecs te filent le rôle, je t'aime bien."
Evidemment que la réponse ce sera:
"Veux tu m'épouser?"
"Han trop cool."


Le pourcentage de gifs de Depp sur ce blog
est en augmentation drastique.
....
Joie.
Et même après, ça devait vaguement ressembler à:

Tim:
"Coucou copain, malgré tout tes efforts ce que les gens retiennent de toi c'est 1) tes rôles dans mes films 2) cette caricature de pirate pour amuser ton gamin, je te propose des putains de rôles comme ça même si tu contribue au cliché comme quoi t'es ma bitch, t'en as rien à foutre, on va faire de la marade de qualité avec rôle en béton garanti, et ça donnera aux gens une bonne occasion de baver, vazy, joue mec, et t'as pas intérêt à me décevoir, j'attends beaucoup de toi."

Johnny:
"Et pour le mariage sinon, non? Toujours pas?"
"Oh oui, faisons du cinéma ensemble copain."

Mais voila.
Ce que les gens retiennent c'est:
"han ENCORE un film de Tim Burton avec Johnny Depp putain ça doit trop être de la merde;"


Va sucer la double stouquette de Scorsese/Di Caprio, tiens.

Moi je trouve ça beau la longue collaboration d'un réal en qui personne faisait confiance parce qu'il"était bizarre" avant que tout le monde trouve que "han mais il est bizarre, quoi, c'est trop sa patte, s'trop un génie tavu" et d'un acteur que les studios essayaient de pousser sous le tapis du bout du pied parce qu'il avait un peu trop tendance à vouloir pas jouer dans des grosses productions et que finalement ces deux mecs ont finit par construire un empire ensemble.

Au final, c'est sa réputation de reclus qui lui vaut sa gloire, à Monsieur Burton, mais pas pour les bonnes raisons.

Moi je suis tombée amoureuse de Burton pour ça:

Quand j'étais gosse, j'étais seule au milieu d'adultes relativement (très) éduqués, et j'étais une surdouée hypersensible avec une dépression infantile sur le dos.
(Fatality.)
Je me sentais mal. Je me sentais pas à ma place.
J'inventais des heures des histoires, je dessinais beaucoup (oui, ça vous rappelle personne?) et j'étais persuadée d'être Edward.

J'ai chialé des torrents de larmes quand j'étais gamine, parce que non seulement j'étais amoureuse de Edward, mais j'étais persuadée d'être comme lui, et de finir comme lui, à jamais réussir à m'intégrer et à être obligée de fuir la société.
(c'est plus ou moins ce qui m'arrive, mais j'ai internet alors ça va.)

C'est rigolo (hurm) de penser que parmi les réalisateurs que j'admire beaucoup ont la même fascination pour les monstres, pour les reclus.
(Del Toro, Scott, Genet...)
(non parce que bon, la vague tentative de zombie poétique de Danny Boyle j'ai beau me faire pipi dessus quand je la vois, je le case pas dans mes "amours monstrueux")
(contrairement à Refn qui parle des vrais monstres. Ceux qui sentent le meurtre. ceux qui me font peur.)
Je pense sincèrement que Burton et moi, si on nous filait un remake de Alien à faire, on tuerait l'équipage et on laisserait vivre le xénomorphe. Parce que son existence est belle, qu'il n'est pas mauvais par nature, que c'est juste une bête.
(ne jamais laisser Burton s'emparer de la saga, pitié.)

Mais la monstruosité apparente, chez Burton n'est jamais négative.
Les disparités physiques ne servent qu'à souligner la profonde humanité de l'être qui en est affublé.
Chez Burton, le rejet rends sensible et doux, et force à la gentillesse.
(on sait que c'est pas toujours le cas, mais cette innocence me va. Cette naïveté me rend heureuse.)


Néanmoins, s'il reste Naïf (de manière voulue) sur les "monstres" et les gens "différents", Tim Burton n'est pas stupide en ce qui concerne les gens normaux.
Pour Burton uniformisation = la mort.

Ce qu'il diabolise dans ses films, c'est les gens normaux.
Ceux qui jouent le jeu de la société, qui rentrent dans des cases de leur propre chef.
Ses personnages centraux sont souvent des créatifs, brimés par la société ou que personne ne prend au sérieux.

Le "Monstre" n'est là que pour souligner la véracité de la nature humaine.
Dans Mars Attack! les martiens vont amener les hommes à donner le meilleur et le pire d'eux même.
Dans Big Fish finalement c'est les "freaks" qui vont être le plus grand atout du personnage, qui est un rêveur invétéré, au point qu'il va les sublimer pour en faire des héros, se sentant chez eux parmi leur étrangeté.
Dans Charlie et la Chocolaterie les deux êtres différents que sont Charlie et Wonka se retrouvent face à des gens qui les méprisent, Charlie parce qu'il est pauvre, Wonka parce que, malgré son talent, il n'est pas conventionnel.

Willie Wonka n'est pas à un monstre à proprement parler mais il est, avec Edward, ce qui représente le mieux la façon dont Tim Burton se voit.
Un artiste qui génère des thunes mais qu'il faut quand même planquer au fond d'un tiroir parce qu'il est trop "étrange."


Go Tim Go!
(Burton selon Hollywood : vue d'artiste.)
Les vrais monstres, pour Burton, c'est ceux qui le rejettent sur des critères qui sont à ses yeux, incompréhensibles. Qui forcent le "monstre" à se détester alors qu'il n'est pas mauvais.

Les vrais monstres c'est la population avide dans Edward.
C'est les vivants des Noces Funèbres.
C'est la femme meurtrière de Sleepy Hollow.

L'humanité n'est pas, pour Burton, quelque chose d'innée, quelque chose qui se voit sur votre visage, mais quelque chose qui se gagne.

Sweeney Todd perd son humanité dans sa folie, dans la débauche de son "talent", il perds son but, et donc sa raison de vivre en même temps que ce qui faisait de lui un humain.
Mais les monstres que sont les parents dans Beetlejuice, en ayant de l'empathie pour les fantômes regagnent leur statu d'humain.
Les frontières sont faites pour être franchies et rien n'est acquis.

Il est d'ailleurs intéressant de voir que dans ce film l'avatar de Burton n'est pas un des fantômes, mais la jeune fille qui arrive à les voir. Qui a les yeux nécessaires pour "voir" au delà des apparences, au delà de ce qui est "réel" et donc, normal.


Oh Burton, you little prankster.


Au final, je pense que c'est pour ça que Tim Burton est catalogué comme réalisateur pour Gothiques.
Parce qu'il laisse la part belle aux outsiders.

Néanmoins je ne peux m'empêcher de m'élever contre cette facilité.
Décrire Burton comme un réalisateur pour gothiques c'est l'enfermer dans des cases qui ne lui correspondent pas. Et il s'enferme assez bien dans ses propres cases tout seuls.
Des jolies cases avec des femmes bleues découpées en morceaux.

Burton a grandit avec une optique romantique qui lui fait penser, comme à tout les mélancoliques, que le meilleur de sa profession est derrière lui.
C'est un amateur de vieux films, un amoureux incontionnel de Vincent Price (et quand Price a accepté de jouer l'inventeur dans Edward ce cher Tim a du hurler de bonheur et avoir du mal à s'en relever) (comme je le comprends) (moi si on me disait que Bowie accepte de jouer pour moi il faudrait m'emmener au service réanimation).
(Je bougerai pas une oreille devant Ridley Scott mais filez moi Bowie et je me meurs.)

Il se roule dans les vieilles techniques d'animation et dans les effets spéciaux traditionnels (bon, okay, sauf avec Alice. En même temps...)

C'est un type qui aime l'ancien, les contes, les monstres, les contrastes sur la pellicule (qui confinent au gerbant dans Charlie, mais en même temps, rien que lire le livre te file le diabète) , mais en aucun cas il ne se considère lui même comme un mec ténébreux.

Il se considère comme un monstre.
Miraculeusement passé du côté de la lumière.
Et qui le vit plus ou moins bien.
(bien parce qu'avec Héléna d'un côté et Johnny de l'autre).

Bouh.
Au final j'aime ce réalisateur.
Ce mec est "humain". Humain dans son propre sens. Humain avec des faiblesses, mais humain, artiste, et pas forcément bien comprit.

J'aime ce à quoi il me fait faire face, j'aime voir par ses yeux.
Et j'aime le baume qu'il met sur mes plaies. J'aime croire à ses histoires, j'aime croire qu'au final ceux qui sont différents sont sauvés par leur part de folie, qui les met à l'écart de la méchanceté brute de la "normalité".

Je ne supporte pas qu'on dise qu'il fait n'importe quoi, et toujours la même chose.
Tout les réalisateurs ont leurs lubies, et leurs points faibles.

Refn parle de notre rapport à la violence, de l’extrême cruauté du monde, Wes Anderson parle de l'apprentissage à longueur de scénario, Genet est obsédé par la distorsion de la réalité, Steven Moffat est un bourreau avec ses cliffhangers à la con, Tarantino a le grand fantasme du héro badass et des hectolitres de sang, Nolan essaie de faire les récits les moins linéaires possibles, Annaud finira mort sur une Imax à force de filmer des paysages grandioses... Et j'en ai des tas comme ça.

Burton ne fait pas toujours la même chose : les voudraient qu'il nous refasse éternellement Edward et Sleepy Hollow.
Sauf que non.
Et du coup on le critique pour "faire du caca".


Moi c'est ce qui me plait chez lui.
Que malgré tout il continue à faire ce qu'il veut faire/sait faire et qu'il parle de ce dont il a envie de parler.
Un discours simple qui encourage à l'acceptation de la différence et qui interroge en douceur sur la nature humaine.

Je me sens proche de lui, et je chérit chacun de ses films, chacun de ses poèmes, chacun de ses scénarios, chacune des images qu'il met en scène.

D'autant plus en ce moment, où je me retrouve confronté à ma propre image sociale, à une réelle réflexion sur les monstres.

On me dit que je me met à l'écart, que je vis en marge de la société dans une branche d'outsiders, mais au final, ce comportement social qu'on veut me prêter, et mon association supposée avec d'autres gens "de mon espèce" je ne la vis pas. Ou très peu.
Mon cercle social est réduit, très réduit.

Car, si je ne supporte pas les gens "normaux", les "sans visage" que je croise dans la rue, si prompts à m'écarter de la société à cause de mon apparence (apparence que j'ai choisie justement car je ne supportait pas ces gens, manière de s'écarter d'office mais en aucun cas victimisation, je sais ce que je fais.) j'ai aussi du mal avec les gens que je suis censée intégrer.


Késseldi?
Jamais contents ces gothiques de merde.

Dans un milieu composé uniquement de gens se mettant en marge de la société, le microcosme est encore plus féroce.

Il y a ceux qui pensent intégrer cette micro société parce qu'on est "cool".
Il y a ceux qui sont là pour se faire une place au soleil parmi les outsiders.
Il y a ceux qui vont essayer de jouer au jeu du "je suis plus marginal que toi".
Ceux qui vont essayer de te détruire parce que y'a pas assez de place pour tout le monde; (si.)
Ceux qui pensent que marginal n'est pas suffisant, que et que rajouter "intolérance" à asocial fait de toi le combo gagnant, l'alpha de l'underground. (non.)

Et il y a ceux qui sont comme moi, réellement à la masse, pas à l'aise avec les interactions sociales et qui au final se retrouvent là par hasard, pensent trouver des copains puis finalement se font latter la face dans le panier de crabe et vont s'enterrer au sommet d'une tour avec des chats.
En finissant par se méfier de tout et de tout le monde.

Je ne me sens chez moi nulle part, et je me méfie de mes "semblables" comme de la peste.
Contrairement au monde de Burton, la mise à l'écart les a rendu vaniteux et méchants, manquant complètement d'humilité.
(pas tous. J'en connais des chouettes. En général ils sont dans les liens de mon blog. Free add, yes.)

Et si pour moi, la personne "normale" est potentiellement un monstre comme je le suis à ses yeux, un être différent et difforme qui pourrait me faire du mal, c'est parmi ceux qui me "ressemblent" que j'ai rencontré les vrais monstres.
Ceux qui te font des sourires pour t'égorger par derrière.

Ces personnes me font perdre foi en l'humanité, et me rendent profondément malade d'être de la même espèce.
C'est ce qui me donne l'espoir d'être un monstre de Burton; un humain déphasé. je ne veux pas avoir affaire à ces gens là.

C'est pour ça que je vomit encore la rencontre d'hier.
C'est à cause de ce genre de personnes que j'ai la bouche qui se remplit du goût du sang.

Je suis un monstre.
Je voudrais être un monstre.
Je me sens monstre.

Parce que je ne veux pas être un humain comme eux.






(j'ai importé 80 gifs pour cet article. j'en ai pas utilisé la moitié. j'ai un problème. aidez moi.)












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