mardi 9 avril 2013

Ma dépression, mon amour.

Bonjour.
Je suis dépressive.
Non cet article ne va pas être dégoulinant de pathos.
Comme beaucoup de gens, je suis dépressive.
Un mot souvent galvaudé pour désigner une maladie qui n'est pas une blague, loin de là. Mais qui est vivable.

Donc, je suis dépressive.
Pas déprimé. La dépression moche, avec des dents.
Celle qui fait qu'on souffre, un peu.
Et qu'on relativise beaucoup.


Pas d'amalgames.
Je ne suis pas dépressive parce que je suis une "Gôthik" (lol mdr ahah, qu'est-ce qu'on rigole), bien au contraire.
Je souffre de dépression depuis mes huit ans, il y a une partie de mon enfance dont je ne me souviens que très mal parce que j'étais vraiment pas bien du tout à l'époque.
J'ai fait une bonne grosse rechute à mes quatorze ans jusqu'à mes dix-huit ans. Et une pas mal aussi l'année de mes vingt-deux ans.
Pour ma part, c'est psychologique, et je sais qu'il y a certains dépressifs profonds qui peuvent être soignés en  étant opérés directement dans le cerveau, parce que (en gros, j'ai eu la flemme de me re-documenter), ils sont incapables de sécréter les hormones du bonheur.
Etre dépressif ne veut dire ni qu'on est fou, ni qu'on est "déprimé".
Il ne faut pas dire à un dépressif "ah, bah, t'es déprimé, quoi",  ça mérite des paires de claques, tout comme il ne faut pas non plus s'auto-diagnostiquer en dépression à la moindre baisse de moral.
"J'ai perdu mon goûter, chuis trop dépressif, quoi!"
Oh, son goûter.
Tragédie.
Ô rage, Ô désespoir.

Une personne comme moi, qui traîne sa dépression depuis longtemps est parfaitement capable de faire différence entre un petit coup de mou, et une BONNE GROSSE RECHUTE.
La bonne grosse rechute c'est celle qui t'entraîne au fond du fond d'un trou toujours plus immense, et qui peut t’entraîner à faire des choses débiles.
La dernière fois, j'ai quitté mon boulot, et mélangé des anti-dépresseurs (que mon médecin traitant m'avait un peu refilé au hasard, le malheureux) et des somnifères avec du whisky pur.
Meilleure idée du monde.
J'ai dormir quasiment vingt-heures, et je me suis rappelée que j'aimais pas le whisky.
Et j'ai arrêté les anti-dépresseurs pour toute la vie for ever à jamais.

...
Le danger c'est que, chez une personne normale, le "petit coup de mou", ça va, ça passe, genre, avec le printemps, ou en achetant une paire de godasses. (Ou une voiture. Vous faites bien ce que vous voulez.)
Mais chez un dépressif, ce vil petit coup de mou peut rapidement mener à la bonne grosse rechute.
De sa race.
La pute en string.

Quand ça ne va pas, pour des raisons diverses (allant de la perte de goûter au dégât des eaux, ou à la sortie de la saison 3 de Sherlock qui est encore repoussée) (grumpf), on a souvent peur que ça aille plus mal.
Parce que la spirale infernale de la dépression n'est jamais loin.
Donc, on a peur de retomber dedans, et on se sent encore plus mal, et si on ne se reprend pas à temps, parfois, on y a droit.
Donc, les dépressifs qui ont déjà eu droit à plusieurs bonnes grosses rechutes relativisent quand même beaucoup.
On sait ce qui est grave, ce qui ne l'est pas.
Ce qui mérite qu'on se fasse mal, et ce qui est anodin.
On sait rire, on passe pas notre temps à pleurer, et on est souvent des gens joyeux. Des gros rigolos même, parfois. Les meneurs du lol.
Les rechutes viennent donc souvent de gros problèmes qu'on ne peut pas éviter, des trucs insidieux qui nous pourrissent la vie. Des gros trucs. Moches.
Qui nous font nous replier sur nous même et nous refont partir dans la spirale infernale.
Youpiiiii!!!




Lorsqu'on rechute, plus rien ne va.
Il ne s'agit plus de relativiser, mais d'arriver à penser qu'on va pouvoir un jour s'en sortir.
C'est la lutte contre soi-même.
Notre existence devient insipide, et ce n'est plus l'envie de vivre ou de faire des choses qui nous mène, mais souvent le devoir envers ceux qui nous sont proches.
Il faut se lever le matin pour continuer à vivre une existence terne, faire de douleur, dans un monde gris en inhospitalier, parce qu'on est un rouage d'une grande machine. Qu'on nous attend au boulot, en cours, ou au repas d'anniversaire de la mémé, et qu'il faut y aller, pour ne pas avoir plus de problèmes.
On ne se supporte plus.
A quoi bon être là si c'est pour vivre une vie entière comme ça, enfermé dans la dépression?
Parfois, on en vient à se demander si il ne vaudrait pas mieux disparaître, se foutre en l'air, pour ne plus avoir à lutter contre votre propre esprit qui vous dévore petit à petit.
Notre vie s'écroule autour de nous, et tout ce qu'on peut faire c'est la regarder s'évanouir, parce que, à quoi bon?

...
C'est pas gai, hein?
Oui, révélation:
Un dépressif souffre.
Mais genre, bien, hein.


Genre, comme ça.
Mais tous les jours.
Ca pique.
(penser à se munir de compresses et de bétadine.)

Les gens qui ont tendance à grogner quand un dépressif en rechute se plaint, ou ne se plaint pas d'ailleurs, mais que "chien battu" est marqué sur sa figure parce qu'il n'arrive plus à faire face, et se disent que la meilleure méthode est de foutre des coups de pied au cul du dépressif en question en lui mettant ses quatres vérités en face méritent le bagne.
L'enfer.
De se faire coudre les paupières avec du fil trempé dans du citron.
On peut vouloir bouger un dépressif, le sortir, lui montrer la vie et le soleil. C'est bien. Lui dire de manière forte que la vie continue, c'est cool.
Mais aller le trouver pour lui dire que c'est une sombre merde, qu'il faut qu'il se secoue, parce que, bon il est pas le plus malheureux sur terre, et partir en claquant la porte...
Qui que soit la personne à qui vous aurez dit ça, même avec les meilleures intentions du monde, si c'est un-une dépressif-ve, au mieux, il-elle va se recroqueviller sur lui-même en pleurant pendant une semaine.
Au pire, il va se jeter dans le premier fleuve venu.
(Si vous habitez près d'un ruisseau, ça va, mais c'est pas à tenter quand même.)

Le dépressif sait très bien qu'il y a beaucoup plus malheureux que lui.
Il s'en déteste encore plus d'ailleurs.
(Bonjour le cercle vicieux, coucou, tu vas bien?)
C'est comme tout ces abrutis qui disent à leurs enfant:
"Mange, pense aux gamins qui meurent de faim au Sahel."
...
Et alors, je fais quoi, je leur envoie mon assiette de frites?

Et le dépressif, il fait quoi?
Il leur envoie son Xanax?

Faut arrêter d'être débile.
C'est pas en culpabilisant un malade qu'on l'aide à guérir.
(Tiens bonne idée, j'ai un collègue qui s'est pété la cheville au boulot, il a super mal et est sous attelle, mais demain, je lui dirais que bon, il a qu'à marcher droit, qu'il pense à tout ceux qui sont en fauteuil roulant, et qu'il arrête de se plaindre, cet idiot!)


Il faut savoir aussi que quand on a été, comme moi, dépressif très jeune, on a après beaucoup de mal à ne pas ruiner sa vie tout seul.
On est pas vraiment habitué au bonheur et à ce que les choses roulent toutes seules.
Et à ce point, la tristesse continuelle et la violence quotidienne envers soi-même devient plus "rassurant" que de tenter de construire sa vie et de gérer un bonheur éventuel quand il se présente.
(En ce qui me concerne, son Altesse est tout aussi dépressif que moi, donc quand je fais une crise d'angoisse, il en fait une aussi. Voila. C'est...)
(On est pas sortis du sable.)
(On colle le cafard même à la furry family.)
Un dépressif a du mal à gérer le "retour à la réalité" et à construire sa vie normalement.

Pour ma part, j'ai choisi de vivre sans anti-dépresseur, mais je sais que c'est pas le cas de tout le monde, et que l'abandon des anti-dépresseurs est souvent une étape très dure à gérer.
Imaginez enlever sa béquille au docteur House et lui dire d'aller courir un marathon.
...
Ben voila.




Alors c'est une maladie.
Une maladie grave, souvent.
Qui ne se soigne jamais totalement.
Une maladie qui ronge le coeur et la tête.

Mais il ya toujours de l'espoir.
La vie vaut le coup, c'est ce qu'il faut se dire. Même si on y croit pas.
On peut s'en sortir.
Il faut réussi à trouver l'équilibre qui permet de relativiser les choses. Même si des fois la vie nous en veut.
En ce moment, j'ai pas un rond. Quand je dis, pas un rond, c'est rien. J'ai de quoi m'occuper de la furry family pendant le mois, et c'est tout.
Et ça me bouffe la vie. Je me sens inutile. J'en viens à avoir envie de me faire mal physiquement pour oublier à quel point je suis dans la merde jusqu'au cou.
Je ne dors plus la nuit, je pleure tous les jours, je me tue au travail pour gagner plus de sous (oui, mon altesse donne de sa personne pour renflouer les caisses de Bones Land qui sentent le moisi), et j'ai plus de temps pour préparer mon concours en école de cinéma.
Son le Roi des Ronces n'est pas trop souvent là à cause de son travail et je le vis très mal.
...
Tu la sens ma grosse rechute?


Coucou, c'est moi!
Même en relativisant, c'est dur de face face.
Mes vieux démons resurgissent.
C'est la vie.
Je n'ai plus envie de me battre contre la vie et contre moi-même.
Ca me fait même mal au cul d'admettre que y'a des belles choses, parfois. J'ai envie de dormir et de m'oublier, en espérant ne pas me réveiller, ou me réveiller dans des années.
Mais ça n'arrange rien.
Rien du tout.
Je dois être là pour la furry family, pour le Roi, parce que sans moi, il va faire des bêtises. Même si je n'en ai aucune envie.
La vie continue.




Je m'en suis déjà sortie.
Il faut se battre, quel que soit le mal. Il faut se battre.
Ne serait-ce que parce que le monde est pas si moche:
La preuve par deux: saucisson, et nutella.







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