vendredi 26 juillet 2013

L'aube de ma vie

Je sais.
Deux articles en une nuit, ça fait beaucoup.

Mais.
Il est de ces périodes charnières, de ces instants où l'on sait que la route change, ne sera plus jamais la même.
On sait que l'on a mit le pied sur LE chemin.

J'ai peur.
Je suis perdue.
Je suis heureuse.

Il y a un peu plus d'une semaine, je suis allée voir le site de l'Ecole de la Cité, l'école de Luc Besson.
J'ai rêvé de cette école toute l'année, sans vraiment pouvoir préparer mon dossier, parce que cette année a un peu été inondée de merde.
Et sur le site, en fait, il y avait juste un formulaire à remplir, un formulaire avec nom, prénom adresse, pour participer au concours.
Sur une pulsion, claquée par la morphine, enfoncée dans mon canapé, j'ai envoyé le formulaire.

Deux ou trois jours après, j'ai reçu la première épreuve.
A faire en 48 heures.
Une épreuve en trois étapes, avec vidéo interdite, pour prouver sa créativité.
-Résumer le mot "émotion" sur support libre.
-Raconter sa vie sur format A2, une seule feuille de papier.
-En 100 lignes sur papier A4 grands carreaux, donner envie au lecteur de regarder The Artist.

Glups.

J'ai pris le Roi en photo, j'ai prit mes poscas, j'ai découpé du papier, j'ai dépensé 150 euros en matos, et j'ai fait mes trucs.
J'ai tout envoyé à l'Ecole de la Cité.



Je viens de recevoir un mail.

Résultat épreuve 1

Chère candidate, Cher candidat,

Après étude de votre dossier, nous avons le plaisir de vous informer que votre candidature a été retenue pour la deuxième étape de sélection à l’entrée de l’Ecole de la Cité.

Vous êtes convoqué(e) le Vendredi 02 aout 2013 à 13h30 précises à la Cité du cinéma, située 20 rue Ampère, 93200 Saint-Denis.

Je suis partie dans ce concours sans avoir réellement l'intention d'être prise, sans savoir ce que je faisais.
Je me suis inscrite quasiment malgré moi, parce que, au fond de mon ventre, une chose me hurlait de ne pas laisser passer ça, que je n'en avais pas le droit.

Je n'avais pas envie que ça devienne concret, pas envie de pleurer encore, à cause d'un échec, pas envie de me remettre en question, pas envie de voir mes espoir brûlés, encore.

Je n'y ai pas pensé.

Pourtant, j'ai mis toutes mes tripes dans mes créations.
J'ai mis tout ce que je savais faire. J'ai travaillé dur.

Parce que une partie de moi, ce monstre énorme, caché dans mon ventre, qui me bouffe la vie, qui me bouffe le coeur, ce monstre, sait ce que je veux. Il est nourrit de mon envie la plus profonde. Il est nourrit de mes rêves. Ce monstre me maintient en envie.

Et là, maintenant, j'ai reçu ce mail.
Je vais partir à Paris.
Sans aucune idée de ce qui m'attend là bas. Avec juste une liste de fournitures, du scotch, de la colle, des feuilles grand carreaux...

J'ai peur.
Mais je n'ai jamais eu autant la sensation d'être sur le bon chemin.
En envoyant ce dossier, que je gagne ou que je perde, que je passe la seconde épreuve, puis l'oral, je sais que j'ai fait le plus dur. L'épreuve des 48heures.

Quelqu'un, quelque part, dans cette école, des professeurs, des pros, des gens du cinéma, ont regardé mes élucubrations, mes délires, ont sondé mes capacités et mon âme couchée sur le papier, et ont décidé que je pouvais continuer.

Je me sens forte.
Je me sens à l'aube de ma vie.

Je suis morte de trouille, crevée d'angoisse, mais je n'ai plus aucun doute sur ce qu'est ma place dans le monde.
Je sais pourquoi je suis là. Chaque fibre de mon corps répond au hurlement démentiel du monstre dans mon ventre, si fort que ça me fait mal.
Je suis là, née au monde, pour faire du cinéma.

Ce que j'ai à prouver, c'est ce que je suis. Je dois me montrer à ces gens, huiler la mécanique apprise par coeur à l'école, faire ressortir la passion qui m'anime quand je vois des films
Je veux aller jusqu'à l'oral. Je veux voir Besson. Lui parler. Je veux qu'il me poser des questions. Qu'il me demande comment, pourquoi je suis là.
Je veux pouvoir lui dire ça.

Que ce que j'aime plus que tout, c'est le cinéma.
Que je suis faite pour ça.
Que c'est ma vie.

Je suis en face du chemin.
J'ai posé mon pied, comme une aveugle, devant l'aube de ma vie.

J'y crois.
Oh, dieux.
J'y crois.



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