mercredi 31 juillet 2013

Le petit bout de viande qui rêvait d'être un être humain.

Autant prévenir, je suis une connasse de féministe.
Du moins, ce qu'on appelle une "connasse de féministe".

Dans l'esprit de beaucoup de gens "féministe" est forcément péjoratif.
Il s'agit de femmes, presque toutes lesbiennes camionneuses, trop moches pour se faire baiser, qui se laissent pousser les poils et qui revendiquent le droit à être l'égale des hommes tout ça parce qu'elles sont en fureur contre mère nature qui ne leur a pas fait pousser de testicules.
Ou d'hystériques acharnées qui n'attendent que votre sommeil, à vous les hommes, pour vous couper vos bijoux de famille afin de s'en faire des colliers.
Ou encore dernièrement, de filles à moitié à poil sans aucun propos.




Oui, mais non.
Je fais partie de ces femmes qui se revendiquent féministes parce que j'aimerai juste qu'on arrête de résumer mon existence à mon utérus plutôt qu'à la personne qu'il y a autour.
Je suis féministe parce que je suis un être humain.
Je parlais précédemment de mon regret qu'il n'y ait pas de genre indéfini dans la langue française pour pouvoir me l'approprier, et de mon désir que l'on m'appelle Monsieur, pour qu'on oublie de mettre mon vagin en avant avant mes qualités professionnelles.

Je suis une femme (ma foi, le miroir ne me contredit pas, je suis physiquement une femme, je le sais, je vérifie tout les matins), je vis avec un homme, je met des robes, je n'ai pas de poils sous les bras parce que ça pique et que j'aime pas ça, j'aime le vernis à paillettes (on le saura...) et je fais des "trucs de filles".
Comme environs 95% des féministes du monde, en fait.

Ceci étant posé.

Effectivement, j'aimerai que mon existence entière arrête de tourner autour du fait que j'ai un vagin et/ou que je puisse produire des gosses.
Merci.
J'aimerai que mon existence ne soit pas l'existence d'un bout de viande.

Mon problème est:
J'ai été élevée par espèce déesse guerrière (honnêtement, ma mère est un super sayan), dans l'idée qu'un femme est largement l'égale d'un homme, et j'ai embrassé la religion d'un peuple ou la valeur se mesure à la valeur personnelle et à la bravoure des actes.
Et chaque fois que je sors dans la rue, je me vois réduite à un bout de steak.




J'entends d'ici les hommes qui disent que, "alalah, mais franchement, les meufs, faut pas dramatiser, quoi, c'est pas grave, oh, pétez un coup, vous êtes pas si mal loties!"

Ah ouaih?

Situation lambda:
Il fait à peu près 35 000 Degrès celcius (pas kelvin, oh, faut pas pousser, on est pas dans le drama!) (huhu) dehors, et en tant que femme, vous sortez en short. Ou en jupe. Avec un débardeur.
La moyenne de sifflements, et autres "hé, oh, mamoizelle, t'es trop charmante, vazy, t'es BONNE!" que j'entends en descendant la rue passante de ma ville est de sept.
SEPT putains de remarques sur mon physique.

"Non mais vazy, c'est un compliment, t'es conne ou quoi?"




NON.
Une fois pour toutes, non.
Ça ne me fait ni plaisir, ni ne me glorifie d'être jugée, mesurée, regardée, reluquée, dès que je sors de chez moi.
"Bah, t'as qu'à pas t'habiller comme ça!!"

NOUS Y VOILA!!

Traduction:
En tant que femme, je suis uniquement un objet de désir, qui, si il veut avoir la paix, doit se cacher de la vue de ces messieurs. Parce que ces messieurs sont incapables de refouler leurs hormones.

Dieux tout puissants.

Les garçons, ça vous fait pas mal de vous abaisser au rangs d'animaux, et d'avouer que vous êtes incapables de maîtriser vos hormones? Ça vous fait pas chier d'avouer que vous ne pouvez pas contrôler?
Ça ne vous emmerde pas de devoir prouver votre virilité en abaissant les femmes au rangs de seins/sexes sur pattes tout en avouant vous même n'être qu'un paquet d'hormone sans savoir vivre ni cerveau?

Désolée.
Chez moi, la virilité s’acquiert par la noblesse des actes et la noblesse de l'esprit.
Alors le "madmoizelle, t'es BONNE" ne me fait éprouver pour toi que de la pitié. N'arriver à être un homme qu'en mettant tes testicules en avant est un aveu de faiblesse qui ne me fera jamais te regarder que comme un enfant.
(Comme un enfant qui a passé trop d'heures devant les Teletubbies.)


Deal with it.

J'ai parfaitement le droit de choisir comment m'habiller.
Et toi, petit garçon, tu as parfaitement le droit de fermer ta bouche trop grande pour ton âge.

Autre situation:
Variante de la première.
Je rentre chez moi. Il est tard, je sors du boulot, j'en ai plein les pattes, je suis seule dans la rue.
Un homme me suit en voiture, fenêtre baissée, en voulant que je monte.
Il va me suivre sur une centaine de mètres. Jusqu'à ce que je mette un gros coup avec des bottes en métal (New Rock, si tu m'entends, je t'aime d'amour, tu as sauvé ma vie, toi et moi, c'est pour toujours maintenant <3) dans la portière et qu'il se casse en me traitant de tarée.

Alors:
Non, c'est pas un cas isolé, la première fois le mec m'avait suivit TOUTE MA RUE (400 mètres) dans sa bagnole avant d'en sortir pour essayer de me choper.
Et oui: c'est une agression.

Qu'est-ce qui justifie ça?
Ma façon de m'habiller?
Non.
Je fais ce que je veux. Est-ce que je râle contre les mecs qui font dépasser leur caleçon dans la rue? Alors que c'est bien un sous vêtement quand même? Est-ce que je fais traiter de gigolo les garçons qui se baladent torse poil? Est-ce que je vais harceler un mec que je trouve mignon?
Non.
Et pourquoi? Parce que c'est un homme et que je suis une femme faible et que donc, je n'ai pas d'ascendant physique sur lui?
Je fais 1m83, avec les New rock, je tape près du mètre 90, je me suis déjà farci en baston des gens plus gros que moi, et brisé quelques mâchoires.
Non, j'ai pas peur de toi, homme.
Je te respecte tant que tu me respectes.
Tu m'agresses, je me défendrais. Et je te ferais mal.

Ma quoi, je suis une femme, donc tu as le droit de profiter de ton sois-disant ascendant physique sur moi pour me faire peur? Pour m'agresser dans la rue?

NON!!!

Tu dis que j'exagère, que je suis un cas isolé.
Ahahahah! Gros naïf.
Non plus.

Les filles ont peur de rentrer le soir.
Elles ont peur à cause de vous.
Si une fille est parano, c'est parce que sa mère lui a seriné que les hommes peuvent l'agresser, et qu'elle doit faire attention, qu'une de ses copines s'est déjà fait violer, qu'elle même a déjà été suivie.

Et c'est DE TA FAUTE!

Pas de la faute de tout les hommes, mais de la faute des gens comme toi, qui la jugent comme un bout de viande en face d'un prédateur.

Et je le répète, mais, moi, j'ai une culture guerrière. Et plutôt que de me faire embarquer dans une bagnole, rabaisser, insulter, attenter à mon honneur, je préfère frapper. Si je ne peux plus fuir, je frapperai.
Parce que je ne suis pas un bout de viande, mais un être humain.

D'ailleurs, autre situation:
Parlons du viol.

Moins de 10% des femmes victimes de viol portent plainte.
Pourquoi?

Mais parce que c'est de leur faute, ma bonne dame.



Alors, allons-y.

Expliquez moi comment une personne qui s'est faite agresser l'a cherché.
C'est exactement que le même système du:
"Mais attend, il avait un porte monnaie!! Il demandait à être braqué."

NON!!
NON NON NON!!!

Personne ne demande à être violé.
Personne ne demande à ce que quelqu'un le tabasse et le souille avec sa semence dégueulasse.
Personne ne demande à être traumatisé à vie.

Si une fille s'est faite violer, c'est pas sa faute.
C'est la faute des mecs qui l'ont violée, parce qu'ils ne sont que des animaux, des enfants sans discernement, qui ne savent pas réfréner des désirs d'homme.
C'est la faute des flics, qui rendent les victimes responsable, en jugeant leur maquillage, ou leur vêtements.

Homme, si tu as violé une femme, tu n'es pas digne de ton rang d'humain.

(Et c'est aussi valable pour les femmes violeuses. Quand on viole, on est un être faible. Une raclure. Fin de la discussion.)



Et en parlant de ça, tout les gens qui pensant que les victimes de viol étaient consentantes d'une certaine manière: je vous méprise et je maudis vos ancêtres.


BREF.

Parlons d'autre chose.

Vous vous souvenez, au début de l'article, j'ai dit que j'aimais: "faire des trucs de filles"

C'est quoi des trucs de fille?
Regarder des films romantiques en mangeant des glaces en pot, faire la cuisine, me vernir les pieds, regarder mes chaussures?
Et c'est quoi des trucs de garçon?
Mater le foot en buvant de la bière?

...

Non.
Toujours non.

Un exemple: je monte à cheval, je sais tirer à l'arc et avec un fusil, je grime aux arbres, et je sais m'orienter en forêt, faire un feu, tailler des armes rudimentaires...
J'ai une copine professeur de Kendo, une autre dresseuse de chevaux, une autre qui boxe...
De son côté, le Roi a peur des chiens, vendrait son âme pour ne pas monter sur un dada, je connais d'autres garçons qui font mieux la cuisine que moi, d'autres qui sont champion de ménage, et d'autre encore qui aiment la couture.

Les "trucs de fille" et "trucs de garçon", c'est nul.
Nuuuuuuul.

Je veux dire, il y a des garçons qui sont bien plus apte que moi à faire la vaisselle, et des filles qui sont bien plus apte qu'eux au kick boxing.

Et alors?

L'important c'est de faire ce qu'on aime, pas de s'enfermer dans un genre.

(Je dirais pour ma "défense" que mon père est très féru de préhistoire, et qu'il m'a apprit tout ce que je devais savoir sur la survie au temps des cavernes, et la chasse au mammouth. Ce qui, dans la vraie vie, niveau chasse au mammouth, est peu utile... Mais en cas d'apocalypse, attendez voir... )

Alors quand on me dit:

"Non mais t'es une fille, tu vas pas faire ça?"



Avoir un utérus ne me dispense pas d'avoir des activités.

D'ailleurs, la réciproque est vraie.

Les hommes non plus ne sont pas des bouts de viande.
Tout comme je ne suis pas une paire de seins qui parle, les hommes ne sont pas que des testicules aromatisées à la bière.
(Oh la vision de l'horreur...)

Le Roi Mew a pratiqué pendant des années un sport considéré comme majoritairement féminin.
Il a prit très cher.

C'est quoi cette propension à traiter d'homosexuel les garçons qui font des activités de femmes?
Je veux dire, on dit tout le temps que la cuisine "cey 1 truk 2 meuf, lol", mais personne va aller traiter Gordon Ramsay de tafiole.
A l'inverse, le grand séducteur dans How I Met Your Mother est joué par un homosexuel.
...
Je ne vois pas.

C'est quoi cette propension à penser que pour être un homme, il faut pisser debout et poser ses testicules sur la table en toute occasion?
C'est quoi cette insécurité masculine?
Vous avez peur qu'on vous castre si vous n'être pas assez poilus? Sincèrement?




Les hommes qui ont peur pour leur virilité sont ceux qui me font le plus peur...
C'est un peu comme se retrouver, au printemps, entre deux cerfs qui joutent pour la dominance du territoire.
(Souvenez vous de Bambi...)
(Voila.)
(C'était violent, pas vrai?)
(On ne parle pas assez de la violence dans les Disneys... Et oui, Disney, c'est pas Dora, les enfants...)

Les hommes devraient être plus détendus sur leur virilité, et les femmes devraient avoir moins peur.

Au final, on est un peu tous des êtes humains terrifiés.
Et c'est moche.

Je ne suis pas un morceau de viande.
Les femmes ne sont pas des morceaux de viande.
Les hommes ne sont pas des morceaux de viande.
Nous ne sommes pas des animaux.

Et je continuerai à me battre pour ça.
A ne rien céder, jour après jour.




Oh yeah.



2 commentaires:

  1. OMG ! pourquoi c'est pas moi qui ai écrit ça ? magnifique rien à rajouter

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  2. J'Adore et j'adhère !! merci merci d'exister, je me sens tellement seule ! j'en ai tellement marre d'une majorité d'hommes qui ne respectent pas la femme, un ami de mon frère est un vrai chien, il est insupportable ! considère la femme comme un bout de viande, pas une once de respect dans ses paroles, la femme est à sa disposition pour lui ! j'ai souvent des envies de meurtre quand je l'entend!

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